lundi 28 janvier 2019

Archive contemporaine du spectacle de l’avant-garde

Archive contemporaine du spectacle 
de l’avant-garde.



D’une certaine manière les archives militantes font écho ou produisent de l'écho, c’est-à-dire qu’elles génèrent comme forme de retour des discours réfléchies par une discontinuité rencontrée dans le médium de propagande, une confirmation ou une reformulation de discours. Surtout pour ceux qui s’engagent ou tentent de s’organiser pour lutter contre la neutralisation.

Mais le propre des idéologies, c’est qu’elles reviennent en quelque sorte au point d'émission (c’est-à-dire aux militants eux-mêmes.) avec une amplitude déformée et donc différente du “message” initial, parce qu’elles sont ré-agencées par le délai du temps.

C’est ce qui donne de l'intérêt à l'écho du discours performatif politique c’est la lecture littérale de la prose engagée. Elle est intéressante plus précisément quand elle revient de son choc avec la matière sociale plus ou moins dure, fixe, protéiforme, en mouvement, et même flasque.

Pour illustrer notre propos qui pourrait passer pour une forme d’introduction à un traité de critique d’économie acoustique rien de mieux que de le préciser par un exemple choisi presque au hasard de nos excavations.
 
On pourra faire l’analogie avec beaucoup de groupements politiques de l’époque dont les mots d’ordre résonnent encore sur les nouveaux prétentieux.

En mars 1974 la revue de l’OCL [1] (Organisation communiste libertaire) structurée quelques années auparavant autour d'une première série par le Mouvement Communiste Libertaire (MCL), Guerre de classe (1971-1976)  qui s’affichait d’ailleurs singulièrement “POUR LE POUVOIR INTERNATIONAL DES CONSEILS OUVRIERS” reprenait en sous-titre de son journal un extrait de sa plateforme daté de juillet 1971 que voici :
“L'avant-garde réelle, ce n'est tel ou tel groupe qui se proclame la conscience historique du prolétariat, c'est effectivement ceux des travailleurs en lutte qui sont à la pointe des combats…”
Comme nous le soulignions dans le texte: Quelques réflexions sur Les cinq thèses sur la lutte des classes de Anton PANNEKOEK les “courants révolutionnaires antiautoritaires [...] n’ont finalement su que se positionner par rapport [...]au léninisme” et ce sous-titre de revue qui ne sera d’ailleurs plus exploité dans les numéros suivants indique pourtant énormément de chose d’un certain rapport à l'engagement. 

Il ne s’agit pas de minimiser ou de dénigrer les participants à ces revues, mais de dégager ce qui nous interpelle textuellement dans cet exergue et qui se trouvait dans cet extrait de plateforme [2]. Elle semble toujours être la manière dont les militants [3]  se perçoivent et se pensent au mouvement réel.

Ce que l'on peut trouver déplaisant dans un premier temps, n’est-il pas de trouver ce type de sous-titre dans un journal libertaire ? Certes, il s’agissait d’un certain courant du mouvement anarchiste, mais n’est-ce pas également un type de positionnement ou d’attitude, même si elle n’est pas clairement explicitée et aussi littéralement, que l’on rencontre dans la plupart des courants  des minorités agissantes ? Mais comment peut-il être simplement concevable plus généralement que l’on puisse penser qu’il y est une avant-garde ?

Que cette “avant-garde” soit constituée par des travailleurs “en lutte”, relève à notre avis d’une forme de démagogie classiste et ouvriériste.

Qu’on la propose comme étant plus “réelle” pour prendre le contre-pied des groupuscules léninistes, ne change pas grand-chose, car elle sous-tend le même imaginaire viril et sacrificiel, et même élitaire (même s’il est inversé) puisqu’il serait à la “pointe”. Laissant entendre donc qu’il y a une arrière-garde, des derniers de cordées qui se chargerait de la queue des “sous-combats”.

La notion d’avant-garde charrie avec elle, que ceux qui seraient en “pointe” seraient les plus conscients et donc ceux qui seraient en retrait ou à la marge ne pourrait pas matériellement en être ou le seraient moins. Si ici, ils semblent être plus “pratiques” et liés aux “luttes” mais pourquoi ces combats ne seraient pas et tout aussi légitimement à la pointe du “théorique” ? Voilà donc l'écueil typique du mouvementisme qui pense que le jugement du réel se trouve dans son praxeo-centrisme inspiré d’une interprétation littérale et réductrice et anti-léninienne des thèses sur Feuerbach de Karl Marx

Comme le notait Henri Lefebvre sur les thèses :
Le critère de la pratique, posé dans la thèse II sur Feuerbach, sera pris par la suite pour un rejet de la théorie au profit de l'esprit pratique, pour une position empiriste et un culte de l'efficacité : pour un praticisme ou un pragmatisme. Au nom de la critique de la philosophie, on perdra de vue l'importance de la philosophie et le lien de la praxis avec le dépassement de la philosophie. [4]
Bien sûr, on se doit de souligner avec Henri Lefebvre qu’en se séparant de la praxis, la théorie se perd dans les mystères et le mysticisme.

Les “combats” seraient cet étalon de cet imaginaire de l’avant-gardisme. Mais de quels “combats” nous parle-t-on au juste ?

Comment dans un monde aux “inégalités” diverses, aux situations dans les rapports de production différentes et enchevêtrés, une philosophie libertaire et communiste qui se veut l'héritière du “De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins” [5] peut-elle déboucher sur ce genre de propos aussi séparés ?

Il ne s’agit pas de mettre sur le même plan la diversité des actes, simplement parce que le plus souvent, ils dépassent les intentions mêmes de ceux qui les posent et qu’ils doivent compter sur la négativité du réel et son foisonnement [6]. Ceci est tout aussi valable pour ceux qui se pensent de manière arrogante à la pointe des luttes.

Mais n’est-ce pas le propre de l’autonomisation organisationnelle que celui d’alimenter son existence propre, sa survie, par une dynamique illocutoire de la “rupture” à destination des missionnés ?


NOTES


Lire également Archive contemporaine du spectacle de la conscience

[1] Cette OCL fut désignée sous l’appellation d’OCL-1 afin de la distinguée de l’OCL qui naît en 1976 lors du changement de nom de l’ORA. Comme l’indique Georges Fontenis “Au Congrès de Nancy, en 1971, le MCL se transforme en OCL, Organisation communiste libertaire, avec l’apport de quelques groupes de l’ORA (Organisation révolutionnaire anarchiste), tendance de la FA de l’époque d’abord, puis organisation indépendante. Des tentatives de fusion entre MCL et ORA ont échoué, échec en partie dû à l’orientation du MCL de forte critique - voire du rejet - du militantisme dans les syndicats. Furieux de cette orientation, Daniel Guérin rejoint l’ORA qu’il quittera lorsqu’elle prendra à son tour une orientation ultra-gauche, "autonome" et antisyndicale. C’est ainsi que nous nous retrouvons à l’UTCL, scission de l’ORA, privilégiant l’action dans les syndicats.” http://www.danielguerin.info/tiki-index.php?page=Un+long+parcours+vers+le+communisme+libertaire

[2] Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le plateformisme
 
[3] Le nom et adjectif militant est le participe présent du verbe militer, du latin militare « être soldat, faire son service militaire ».

[4] Sociologie de Marx, Presses universitaires de France p. 27

[5] Karl Marx, Critique du programme de Gotha. https://www.marxists.org/francais/marx/works/1875/05/18750500a.html

[6] Ce qui ne ne retire rien à ce qu’un projet conscient et lucide s'agence pour transformer le monde.

dimanche 20 janvier 2019

Quelques réflexions sur : Les cinq thèses sur la lutte des classes de Anton PANNEKOEK

Quelques réflexions sur
Les cinq thèses sur la lutte des classes de
Anton PANNEKOEK





Bref historique

Comme l’indique la revue Recherches Libertaires N° 3 (1967) ces thèses d’Anton Pannekoek ont comme titre complet “Cinq thèses sur la lutte de la classe ouvrière contre le capitalisme”. Elles ont été écrites après la guerre. Elles furent traduites d’après le texte anglais publié par “Southerne advocate for Workers Councils” (n° 33, mai 1947 et réimprimées ensuite dans le n° 40 décembre en 1947). La revue Recherches Libertaires avait repris elle-même ce texte du n° 2 des cahiers de discussions pour le socialisme de conseils de mars 1963. Elles furent de nouveau diffusées par la revue Spartacus N° 100 - (R12) de décembre 1978. (Version disponible ci-dessous)

Si globalement ces thèses peuvent encore globalement résonner dans le courant communiste des conseils et ceci 70 ans sa première publication, il n’est pas sans nous poser quelques problèmes pour autant. Le travail du temps nous aura permis de dégager deux critiques qui peuvent même paraitre banales.

Contrôler la production ?

Comme l’indique Pannekoek dans sa thèse n° 3L'objectif de la classe ouvrière est de s'affranchir de l'exploitation” mais cet objectif ne passe-t-il que et simplement par le fait que les “ouvriers eux-mêmes deviennent maitres de la production” ?

Si le produire et le que produire passe chez Pannekoek par la “production planifiée” et une certaine forme de centralisme assez discutable, ceci pour devenir “maitre de la production” nous sommes obligés de constater qu’il ne dit rien dans ce texte de ce que deviendront au moins immédiatement les nouvelles relations sociales de production, à savoir comment et pourquoi disparaitront les hiérarchies, les techniciens, la spécialisation et la technique hérités du monde de production capitaliste. Son optique “transitionniste” qu'il pense difficile mais linéaire, débouche finalement sur une acceptation (selon lui) de la part du prolétariat, de la rotation des tâches de manière bien comprise. Mais de manière générale il n'entrevoit donc pas la disparation dans l'immédiat de l'entreprise-usine inutile (au-delà de la concentration) et les conséquences sur le comment produire. En revanche comme Pannekoek nous ne pensons pas que nous mangerons des principes ou des idées…

Le “conseillisme” de Pannekoek ne se résume-t-il pas finalement que par le fait que “tous ceux qui prennent part à la production, décide” ? Et que ceux qui “travail doivent aussi en avoir la direction, en prendre la responsabilité, dans les limites de l'ensemble”.

Que les délégués des conseils soient “révocables à tout moment” n’indique rien sur le "but" communiste qui s’apparente étrangement dans les thèses à une forme d’auto-gestionnisme c’est-à-dire l’idéologie de l’autogestion.

La “deuxième fonction” des partis

Pannekoek est un critique impitoyable du Parti et du Parti-État, mais pour lui une “deuxième fonction” incombe selon lui “aux partis” c’est-à-dire au pluriel et donc, dans un sens pluraliste et démocratique non-bourgeois et qui peut être entendu comme l’organisation des travailleurs au sens large et regroupés par affinités politiques.

Nous sommes tentés d'interroger cette scission théorie/pratique - politique/économique que garde Pannekoek et qui pose d’un côté cette “deuxième fonction” celle des organisations/partis dont l'objectif “indispensable” consiste d’après lui à “éclairer l'esprit des masses”, et à “construire la force spirituelle” qu’il distingue des Conseils Ouvriers dont le but est “l'action pratique, de la lutte de la classe ouvrière”, “Organes de production”.

Au-delà de la terminologie de son époque il est indéniable que cette option politique pérennise encore une certaine forme d’avant-gardisme et intègre une problématique dualiste ou séparée de l’activité révolutionnaire, probablement due à sa propre praxis de scientifique, d’intellectuel. Cette séparation il faut le constater contre Pannekoek n’a rien à voir avec l’auto-praxis prolétaire.

L'extériorité de Pannekoek lui fait acter cette nécessité théorisante dont le fondement se trouve d’ailleurs hors de à sa propre personne mais dans la société de classes, autrement dit dans la spécialisation imposée par l’extraction de plus-value relative.

Si l’aliénation dans le travail est au cœur de la réflexion de Pannekoek, on se doit également de constater qu’il n’interroge pas le processus d’objectivation du travail [1] même dans son ordre des Conseils. C’est pourquoi il peut affirmer que “La lutte révolutionnaire pour la domination de la société devient alors une lutte pour la gestion des usines, et les Conseils Ouvriers, organes de lutte sont transformés du même coup en organes de production”.

Mais que deviennent alors les partis ou les organisations qui se sont chargés d' “éclairer l'esprit des masses” ? Cette question n’est pas abordée par Pannekoek mais ne sont-ils pas tentés de devenir LE Parti qu’il dénonce ? De ces types de Partis qui veulent transformer les prolétaires en “troupeaux de moutons” et qu’il combat et critique au début de la thèse 4 ?

De ces courtes interrogations on peut se rendre compte à la fois des quelques limites et des contradictions de certaines thèses.

Elles sont essentiellement liées aux rapports de production marchand et la totalité des représentations qu’elles structurent dans le réel dans lequel nous sommes embourbés. Mais nous pourrions relever également l’absence d’une définition nécessaire de ce que n’est pas le communisme chez Pannekoek et qui reste toujours à faire.

La contradiction comme potentialité


Sans révolution et donc abolition de la société de classe, l'antithèse entre organisation et spontanéité, praxis et théorie perdureront c’est certain. Mais un temps la contradiction fut théorisée non comme potentialité mais comme manque, notamment dans le léninisme et ses avatars qui ont cru que la question de la conscience par exemple, pouvait se régler de manière transcendante c’est-à-dire grâce à une intervention, ou un apport de l'extérieur (celle de la petite bourgeoisie intellectuelle) et même grâce à une médiation supérieure au mouvement lui-même c’est-à-dire le Parti. L’époque et sa violence, la sociologie militante et le degré de sous-instruction peuvent-ils à eux seuls expliquer la prise de position léninienne qui fut partagée par bien des courants ? (Des populistes Russes aux Bakouninistes [2] ).

L’Adresse inaugurale et des statuts provisoires (Provisional rules) de L’AIT (Association internationale des travailleurs) qui affirmait déjà que « l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes » n’est-elle pas une déclaration impérative d’immanence (trouvant son principe en lui-même) que devait prendre le mouvement prolétarien ?

Même si les courants révolutionnaires antiautoritaires y ont toujours été attentifs, ils n’ont finalement su que se positionner par rapport à la révolution Russe et au léninisme et sa pseudo-réussite “dans un seul pays”. Le poids de la contrerévolution stalinienne n’a pu que générer une attitude essentiellement réactive-négative. Car enfin il n’y a pas d'extériorité ou de médiation supérieure pour les prolétaires révolutionnaires.

Il n’y a pas de réconciliation à rechercher ou de lien à institutionnaliser entre praxis et théorie, que les critiques du léninisme (ultragauche ou anarchiste) ont voulu soit résoudre de manière formelle et théorique grâce à l'organisation même groupusculaire ou par un activisme démiurgique de la conscience à la tonalité structurale et mécaniste.

Il n’y a de la potentialité que dans la contradiction. Tout ceci a finalement évacué toute théorie de l’auto-conscience et par là même le but même que peuvent se donner les prolétaires à savoir le communisme. En définitive c'est une philosophie unitaire de la praxis qui a été abandonnée.

 Le débat entre organisation et spontanéité

Le prolétariat tente laborieusement et au prix le plus fort, d’unifier à chaque instant et à sa manière la théorie de sa pratique et la pratique de sa théorie grâce/dans son auto-organisation et à des formes considérées comme spontanées. Ceci rend donc d’après nous le débat entre organisation et spontanéité obsolète, même s’il est pensé contradictoirement et qu’il est vécu comme déchirée. Bien sûr elle ne s’affiche pas au journal télévisé ce qui rend tout cela sourd et même inexistant.

Il ne peut donc pas y avoir d’organisation séparée. Le parti (même au sens de Pannekoek) d’un côté et les Conseils ouvriers de l’autre. Il s’agit donc de critiquer le lien possible qui serait à instituer ou à théoriser entre Organisation et Conseils.

Car ceux qui bouleverseront le monde le penseront nécessairement et dialectiquement. Ils s'organisent déjà sans que rien ne soit obligatoirement inscrit ou inéluctable.


Renvoyer dos à dos le théoricisme (théorie théorisante) et le praxeo-centrisme (activité parcellaire limitée à de l’agitation, au mouvement, le plus souvent au suivisme) comme séparées et contradictoires peut paraitre assez convenu. Il l’est moins à notre avis de l'affirmer plutôt comme une marque d’une extériorité de classe de la part de ceux qui l’alimentent comme un racket ou une profession. On ne peut pas se désespérer du déchirement, de théoriser nos actions ou de mettre en œuvre nos réflexions. Il s’agit donc de rediscuter ici de l’individu historique et d’être générique, pour évacuer tout nécessitarisme pacificateur d'origine exégétique ou de l'épuisement subjectiviste.

Le prolétaire n’est en rien contraint de faire historiquement ce qu’il n’acte pas consciemment.

Quand les antinomies s'affirment d’une manière privilégiée c'est l'extériorité qui s'affiche. Car le communiste ne se demande pas si son action est trop ou pas assez “théorique”, trop ou peu pas assez “pratique”. Il œuvre simplement comme il le peut pour la dissolution de la société existante et comprend qu'une solution extérieure n’existe pas. Qu'elle sera forcément consciente et organisée et débarrassée des chantages politiciens, des spécialistes de la théorie, de la pratique ou de l'organisation.


NOTES

[1]. Qu'il naturalise d'une certaine manière son ouvrage les Conseils ouvriers ; “Le travail en lui-même n'est pas rebutant en soi”.

[2]. Voir L’idéologie froide de Kostas Papaïoannou.



jeudi 17 janvier 2019

[A paraitre en Mai 2019] Histoire de la révolution portugaise de 1974 de Phil MAILER

Histoire de la révolution portugaise de 1974

Phil MAILER



"La série d’évènements qui suivit le putsch militaire du 25 avril 1974 est bien oubliée. Phil Mailer nous la raconte dans une langue simple et vivante, dans un texte entre journal et analyse politique, pour l’avoir lui-même vécue. Né à Dublin, Mailer a enseigné l’anglais en Irlande, aux États-Unis et au Portugal à partir de 1973. Là, il participe activement aux événements qui suivent la Révolution d'avril 1974, devient rédacteur en chef du journal Combate et gère la librairie Contra A Corrente à Lisbonne.

Ce livre est un témoignage de première main d’une des grandes révolutions européennes des années 1970. Déjà publié deux fois en anglais, la traduction française de ce récit est inédite."

Les Nuits Rouges 
Mai 2019 - 350 p.  
Traduction : Étienne Lesourd, Denise Prévost


*

Note Vosstanie / ArqOperaria

Le meilleur livre et le plus vivant sur la période 
par un participant au journal Combate.

Précisons qu'il n'y a jamais eu de "rédacteur en chef" au journal Combate qui fut un journal égalitaire.
Quant à savoir si une "révolution" a eu lieu au Portugal...On trouvera notre point de vue dans l'émission.

Il s'agit de l'ouvrage qui a inspiré notre émission
sur les 40 ans du 25 avril 1974 au Portugal (17h30 de son)

 La Lutte des Classes au Portugal
(Avec la participation de João Bernardo, Charles Reeve et José Hipolito dos Santos)


Voir également

À propos du livre de Raquel Varela paru aux éditions Agone sur le 25 avril 1974 au Portugal ou De la Falsification ou du Trotskisme Universitaire

 Des œillets fanés pour un Agonisant

vendredi 11 janvier 2019

La conception de la conscience de classe dans la Gauche marxiste hollandaise - Matériaux pour une émission (23)

La conception de la conscience de classe 
dans la Gauche marxiste hollandaise

Le prolétariat, pour la Gauche marxiste, ne trouve pas sa propre puissance uniquement dans son nombre (concentration) et son importance économique. Il devient une classe pour lui-même (en soi et pour soi) dès le moment où il prend conscience non seulement de sa force, mais de ses intérêts et buts propres. C’est la conscience qui donne à la classe ouvrière une existence propre. Toute conscience est d’abord conscience de soi :


Ce n’est que grâce à sa conscience de classe que le grand nombre se transforme en nombre pour la classe elle-même et que cette dernière parvient à saisir qu’elle est indispensable à la production; c’est uniquement grâce à elle que le prolétariat peut satisfaire ses intérêts, atteindre ses buts. Seule la conscience de classe permet à ce corps mort, immense et musculeux d’accéder à l’existence et d’être capable d’action (285).

De façon classique, dans le mouvement marxiste, Pannekoek et le courant de la Gauche hollandaise analysaient les différents degrés de conscience de classe, dans leur dimension historique. Au départ, il n’y a pas de conscience de classe achevée, ou de conscience «adjugée», pour reprendre la formulation de Lukacs (286) – telle qu’elle serait conditionnellement et idéalement si elle était parvenue à maturité, La forme primitive de la conscience de classe, indispensable à la lutte, se trouve dans «l’instinct des masses» ou «l’instinct de classe». Tout en montrant que cet instinct – lorsqu’il se manifeste dans l’action spontanée – est un «agir déterminé par le sentir immédiat, par opposition à l’agir fondé sur une réflexion intelligente», Pannekoek soutenait que
L’instinct des masses est le levier du développement politique et révolutionnaire de l’humanité (287).
De façon quelque peu sorélienne, cette aporie avait l’apparence d’une glorification du «sûr instinct de classe». Il n’en était rien en réalité. Pour Pannekoek cet instinct était la «conscience de classe immédiate», non encore parvenue à sa forme politique et socialiste. Dans sa polémique contre les révisionnistes kautskystes, à propos des actions spontanées des masses, il était fréquent pour la Gauche hollandaise de souligner le «sain et sûr» instinct de classe. Celui-ci était en réalité l’intérêt de classe des ouvriers, paralysé par les appareils bureaucratisés des syndicats et du parti.

Le marxisme hollandais est souvent assimilé au courant spontanéiste (288), en particulier à un prétendu «luxembourgisme» qui aurait osé substituer la «spontanéité des masses » au «culte de l’organisation», dont Lénine aurait été le grand prêtre. Rien de tel, pourtant. Rosa Luxemburg, dans son grand texte Grèves de masse, parti et syndicats, assimile instinct des masses (stade préconscient) et spontanéité. Pour elle, la grève de janvier 1905 en Russie prit «une forme non pas délibérée, mais instinctive et spontanée» (289). La spontanéité correspond d’ailleurs non à une immaturité de la lutte prolétarienne, mais à un manque d’expérience, et peut être aussi bien un accélérateur qu’un frein :


Si l’élément spontané joue un rôle aussi important dans les grèves de masses en Russie, ce n’est pas parce que le prolétariat russe est «inéduqué», mais parce que les révolutions ne s’apprennent pas à l’école… L’élément spontané joue un grand rôle dans toutes les grèves de masse en Russie, soit comme élément moteur, soit comme frein (290).

Comme le but socialiste ne peut être que le renversement du capitalisme, il est indispensable, selon Rosa Luxemburg, que de la spontanéité naisse l’organisation de classe du prolétariat :

L’évolution dialectique vivante… fait naître l’organisation comme un produit de la lutte. Nous avons déjà vu un magnifique exemple de ce phénomène en Russie où un prolétariat quasi inorganisé a commencé à créer en un an et demi de luttes révolutionnaires tumultueuses un vaste réseau d’organisations (291).

On ne trouvera chez Rosa Luxemburg comme chez les marxistes hollandais aucun culte de la «spontanéité» en soi. Pour Gorter, Pannekoek, et plus tard pour le KAPD, ce qui était décisif ne n’était pas la «spontanéité en soi, mais l’autodéveloppement de la conscience de classe (Selbstbewusstseinsprozess). En effet, la conscience de classe n’a rien de «spontané». Elle n’est pas plus une «mystique» de l’action spontanée, toujours présente dans le cerveau de chaque ouvrier, qu’un «inconscient collectif» prêt à jaillir soudainement et périodiquement comme un torrent de lave en suivant les lois de la tectonique et non plus celles toutes sociales insérées dans l’histoire de la lutte entre les classes.

Soulignant que cette conscience de classe n’était ni une psychologie sociale de groupe ni une conscience individuelle, le marxisme hollandais donnait une définition très éloignée du «spontanéisme». Pour lui, la conscience dans le prolétariat est et sera toujours une volonté collective, organisée comme un corps. Son enveloppe nécessaire, c’est l’organisation qui donne unité et cohésion à la classe exploitée :


L’organisation rassemble dans un cadre unique des individus qui auparavant se trouvaient atomisés. Avant l’organisation, la volonté de chacun s’orientait indépendamment de tous les autres, L’organisation, cela signifie l’unité de toutes les volontés individuelles agissant dans la même direction. Aussi longtemps que les différents atomes s’orientent en tous sens, ils se neutralisent les uns les autres, et l’addition de leurs actions est égale à zéro (292).

Cette conscience n’est pas un pur reflet des luttes économiques du prolétariat. Elle revêt une forme politique, dont l’expression la plus haute et la plus élaborée, est la théorie socialiste, qui permet au prolétariat de dépasser le stade «instinctif» et encore inconscient de la lutte pour atteindre le stade de l’action consciente, régie par la finalité communiste :  
C’est la mise en œuvre de la théorie, foncièrement scientifique du socialisme, qui contribuera le plus tant à donner au mouvement un cours tranquille et sûr qu’à le transformer d’instinct inconscient en acte conscient des hommes (293). 

À cette organisation et à cette théorie, qu’il nomme parfois «savoir», Pannekoek ajoutait la discipline librement consentie comme ciment de la conscience.

Comme on le voit, cette conception de la Gauche marxiste hollandaise était aux antipodes de celle de Lénine exprimée dans «Que faire ?», selon laquelle la conscience était injectée de l’extérieur par des «intellectuels bourgeois» (294). Elle divergeait tout autant du courant spontanéiste antiorganisation et antipolitique. Il ne faisait aucun doute pour la Gauche hollandaise que la conscience de classe avait deux dimensions indissociables : la profondeur théorique du «savoir» accumulé par l’expérience historique, et son étendue dans la masse. Pour cette raison, les marxistes hollandais et allemands soulignèrent l’importance décisive des grèves de masses, à la fois «spontanées» et «organisées», pour le développement massif de la conscience de classe.

Cette position était en fait dans le droit fil de la théorie de Marx sur la «conscience communiste» (295). Après 1905 et la première révolution russe, contrairement aux apparences, elle différait peu de celle de Lénine, qui à cette époque écrivait que «instinct de classe», «spontanéité» et éducation socialiste du prolétariat étaient indissociablement liés :
La classe ouvrière est instinctivement, spontanément socialiste et plus de 10 ans de travail de la social-démocratie ont fait beaucoup pour transformer cette spontanéité en conscience (296).
Dans la Gauche marxiste d’avant 1914, il y avait encore une convergence réelle dans l’appréhension de la question de la conscience de classe. 


NOTES
284 Pannekoek 1906b, p. 21. 285 Pannekoek 1909a, cité par Bricianer 1969, p. 56. 
286 Lukacs 1960, p. 73. 
287 Pannekoek, «Der Instinkt der Massen», in Bremer Bürgerzeitung, republié in Bock 1975, p. 137-140. 
288 On trouvera une définition édifiante du spontanéisme, toute pétrie de réaction bourgeoise post-Mai 1968, donnée par le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL, Nancy). On y apprend que Rosa Luxemburg est identique à Bakounine et qu’elle fut clouée au pilori par Lénine. Le spontanéisme relèverait en fait de la «loi anticasseurs» pour s’attaquer aux institutions établies : «Théorie développée par Bakounine et Rosa Luxembourg, critiquée par Lénine, selon laquelle le mouvement révolutionnaire se développe spontanément, sans avoir à passer par les organisations politiques, administratives, industrielles et syndicales. Dénoncer le spontanéisme (sic)». L’article donne comme exemple le «spontanéisme» des mao-staliniens : «Les gauchistes (...) étaient décidés à (...) célébrer dignement ceux qui, pour eux, ont inventé le spontanéisme. À l’École normale supérieure, ils cassèrent donc les meubles (L’Express, 29 mars 1971, p. 46, col. 3)» [Souligné par nous]. 
289 R. Luxemburg, op. cit. 
290 R. Luxemburg, op. cit. 
291 R. Luxemburg, op. cit.149 
292 Pannekoek, «Massenaktion und Revolution», Die Neue Zeit, vol. 30, 1911-1912, n° 2, p. 541-550; 585-593; 609-616 (Reprint : Grünenberg 1970). 293 Pannekoek 1909a, cité par Bricianer 1969, p. 98. 294 «L'histoire de tous les pays atteste que, par ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu'à la conscience trade-unioniste, c'està-dire à la conviction qu'il faut s'unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. Quant à la doctrine socialiste, elle est née des théories philosophiques, historiques, économiques élaborées par les représentants instruits des classes possédantes, par les intellectuels», in Que Faire, 1903, chap. II.
 295 Marx donne dans l’Idéologie allemande cette définition de la «conscience communiste» : «Pour produire massivement cette conscience communiste, aussi bien que pour faire triompher la cause elle-même, il faut une transformation qui touche la masse des hommes, laquelle ne peut s’opérer que dans un mouvement pratique, dans une révolution». Et Marx d’ajouter : la classe ouvrière est une classe «d’où émane la conscience de la nécessité d’une révolution en profondeur, la conscience communiste» («La Pléiade», Marx, Œuvres 3, p. 1122-23). 
296 Lénine 1961.

EXTRAIT DE

LA GAUCHE COMMUNISTE  GERMANO-HOLLANDAISE  DES ORIGINES À 1968
(3e édition entièrement révisée et augmentée)  / PHILIPPE BOURRINET
p. 147-149

samedi 5 janvier 2019

Des œillets fanés pour un Agonisant

Des œillets fanés
pour un Agonisant

Comme suite et fin à
 De la Falsification ou du Trotskisme Universitaire ou À propos de
la sortie de l’ouvrage, Un peuple en révolution - Portugal 1974-1975 de Raquel Varela aux Éditions Agone (2018)


Vers la fin de l’été 2018 

Dans un lieu toulousain consacré aux livres la traductrice (Hélène Melo) du livre de Raquel Varela (RV) annonçait le changement du titre de l’ouvrage à paraitre aux éditions Agone. Référencé sur divers catalogues et bases de données et depuis le début comme devant paraitre sous le titre de : Histoire populaire de la révolution portugaise l’ouvrage se vendra désormais sous l’étiquette de : Un peuple en révolution - Portugal 1974-1975.
On ne sait pas si le changement de ce titre, qui ne fut certainement pas sans frais a été à l’origine du retard de la sortie de l’ouvrage. Ce qui est certain c’est que celui-ci est devenu aussi consensuel et interclassiste que le film de Maria de Medeiros et son Capitaines d’avril (1999).

Cette modification vient conforter l’analyse que nous en faisions avant même sa parution officielle fin novembre 2018, plus précisément sur le commerce de ce “Populaire” et du “Peuple” comme populisme chic et à la mode. Le populaire comme mode éditoriale a donc été abandonné au
 profit du peuple ou la “négation des classes et de leurs affrontements, de la violence de l'exploitation et des conditions de survie.” Car les “histoires” c'est bon pour le “peuple” masse indistincte et informe, malléable et dominée, qui caricature dans sa représentation le plus aliéné de la politique.

Si le titre a été modifié pour un autre au relent New-Age, ce ne fut pas l’unique “surprise” et celle que l’on a découverte n’est pas des moindre. On se demandera donc ce qui a bien pu se passer pour que les “œillets” déjà fanés et présentés par les éditions Agone soient littéralement coupés par cet éditeur.



Du langage des fleurs…

Si l'œillet fut un symbole du mouvement ouvrier l’équivoque joue à plein pour ce qui l’en fut au Portugal au moment du 25 avril car cette fleur fut surtout le signe de ralliement des militaires au projet de démocratisation du régime avec tout ce que cela charrie d'illusion sur “l'institution” militaire de la part de la gauche et de l’extrême gauche du capital. Cette fable des militaires “de gauche” a permis d’alimenter la théorisation de la démocratisation d’une institution profondément liée à l’État et au capital. Ce conte démocrate les éditions Agone l’alimente malgré elle en illustrant la couverture de l’ouvrage sous une forme d’une unique fleur là où l’on s’attendait basiquement à voir un “peuple” au moins en révolution... ou tout du moins en “mouvement” (même métaphoriquement) comme c’est le cas dans l’édition portugaise.



...au maniement du sécateur

Dans le texte sur De la Falsification ou du Trotskisme Universitaire nous avions déjà exprimé toutes les réserves, manipulations et approximations sur le “contrôle ouvrier”, ainsi que l’idéologie de l’auteure dans l'édition originale, jusqu'à y dénoncer une censure politique dans la non-présentation d’acteurs, écrits, journaux et pratiques des courants liés à l’autonomie ouvrière qui infirment les thèses léninistes / trotskistes développées par RV.

Mais on ne se doutait pas que les éditions Agone allaient poursuivre d’une autre manière l’entreprise de censure et de manière radicale.

Ainsi l’ouvrage originellement annoncé par l'éditeur devait comporter environ 600 pages et l'édition qui vient de sortir comporte moins de 400 pages.

Ce décalage est dû au fait que les différentes chronologies des grèves, manifestations et des autres mouvements sociaux ont été externalisés on ne sait où exactement ? Ceci malgré ce qu'annonce l’éditeur cela ne représente pas moins de 99 pages d’amputation par rapport à l'ouvrage original. Il en va tout autant des photographies représentant des manifestations réunions, commémorations et grèves, présentes dans l'édition portugaise et également absentes de cette édition. Mais là ou Agone frappe fort c'est que la bibliographie de près de 15 pages n’est simplement plus présente dans cette édition française !

La nouvelle couverture liée au changement de titre aura-t-elle eu raison du budget consacré à la publication complète de l’ouvrage ? On a peine à le croire.

Est-ce dû au fait que cela chargeait inutilement l’ouvrage ou que la bourse d'Occitanie Livre & Lecture allouée pour la traduction ne couvrait pas la totalité de la publication ? On ne le croit pas non plus.

Ces pages manifestement vues comme superflues par l'éditeur pourtant habitué aux forts volumes destinés à un public vu comme “motivé” nous questionnent jusqu'à remettre en cause sa probité intellectuelle et donc la démarche politique de la structure éditoriale. Elle nous laisse définitivement pantois.



La chronologie

Si on soulignait dans le texte précédent la place “inquiétante” de la chronologie on affirmait également sa nécessité pour comprendre l’action des prolétaires au jour le jour pour qu’elle puisse être reliée à la dimension historique de leurs praxis, ceci face aux récupérateurs politiciens de tous poils. Cette chronologie politique et des actions donnent également le rythme politique infernal auquel étaient confrontés les acteurs du 25 avril tout en mettant la focale sur certains évènements qui pourraient passer pour anodins, mais dont la force indique la puissance du processus révolutionnaire en cours.



La bibliographie

Si l’on dénonçait également la censure de certaines références primordiales effectuées par RV ceci pour la défense de son point de vue idéologique et contre sa falsification, pour la compréhension de ce qu’ont été les luttes ouvrières autonomes (En dehors des partis et des syndicats), faire disparaitre TOUTE la bibliographie et les sources du travail effectué par Raquel Varela c’est aussi à notre avis occulter ce qu’elle censure et s’en rendre donc complice.

Il s’agit donc d’une censure doublée et orchestrée par les éditions Agone. Que cette partie de son travail soit dématérialisée (et pas pour la bibliographie !), ou “cloudisée” n'y change rien car un ouvrage de cette nature ne peut être pris et lu que comme un tout.


Les éditions Agone participent donc de cette censure que nous dénoncions. Elles accompagnent aussi un peu plus l’entreprise de falsification de RV tout comme l'époque de la fragmentation de la mémoire des luttes des prolétaires au Portugal ou de ceux qui sont susceptibles de porter un intérêt aux évènements de ce pays. À moins qu’ils ne s’agissent très prosaïquement que d’une manœuvre marketing et publicitaire vers et pour son site sous couvert d’une publication dite “électronique” introuvable.


Ce qui est certain c’est que les éditions Agone prennent leurs lecteurs pour des cons en faisant de la chronologie et de la bibliographie quelque chose d’annexe ou de superflus, jusqu’au point de la censurer (les sources c'est-à-dire la bibliographie) ou de l'externaliser ceci comme le ferait un vulgaire patron.



Synthèse de faux derche

Au mieux ou au pire on ne sait plus trop ici la maison Agone a voulu défendre la coterie universitaire et sa manipulation sous la bannière fallacieuse de la lisibilité de l’ouvrage ou de son accessibilité et peut-être même rentrer dans leurs frais. Mais il n’est pas possible de faire l’impasse dans ce cas de l'improbité intellectuelle que la démarche soulève. Car en portant plusieurs casquettes c’est-à-dire celui du copinage et des affaires commerciales, c’est en définitive sur celle de la bêtise et de malhonnêteté politique que l’éditeur sera définitivement identifié, jusqu’au point d’avoir osé présenter à un public francophone ce que nous qualifions volontiers de livre Agonisant et cadavérique.



Jusqu’au prochain coucou léniniste
Presque ironiquement les éditions Agone annoncent qu'ils feront reparaitre en mai 2019 le nécessaire et important livre de Oskar Anweiler, Les Soviets en Russie (1905-1921). Rappelons comme conclusion que l'édition Gallimard avait été traduite en son temps par un militant proche des idées du communisme des conseils Serge Bricianer et préfacée par un trotskiste de l'OCI Pierre Broué. Cette fois-ci cette édition le sera par Éric Aunoble spécialiste professionnel de son état et au pédigrée aussi proche que son prédécesseur n’en doutons pas.
Dans le monde de la marchandise tout est possible pour un éditeur “militant” promouvoir le léninisme, le trotskisme ou sa critique déformée. Le vrai falsifié est un moment de la censure. Tout est dans tout et son contraire et ainsi de suite et le business continue encore et encore.

L'histoire se répète disait Marx, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce…à dindons ou à pigeons c’est certain.


VOSSTANIE / ArqOperaria
Le 5 janvier 2019


Photographie de la couverture de l'édition originale de l'ouvrage de Raquel Varela

mercredi 2 janvier 2019

EN TELECHARGEMENT PDF du LIVRE - Qu'est-ce que l'Autonomie Ouvrière ? de Lúcia Bruno

Qu'est-ce que l'Autonomie Ouvrière ?
de Lúcia Bruno
 O que é Autonomia Operária
 (1985)

LIVRE PDF EN TÉLÉCHARGEMENT

LIVRE PDF EN TÉLÉCHARGEMENT

 ou


FORMAT PAPIER - 11*17 de 115p
Vosstanie Editions

Traduction du Portugais (Brésil)


Voir aussi 

La version audio du texte



Pour la critique du texte
Notre émission / discussion, débat 



EXTRAIT
"Ce qui définit l'autonomie ouvrière comme pratique sociale, c'est sa capacité à créer des relations sociales d'un nouveau genre, qui se structurent en antagonismes ouverts avec les relations sociales existantes dans la société capitaliste. Dans quel sens ?

Dans le sens ou l'autonomie ouvrière s'exprime par la pratique de l'action directe contre le capital, sur les lieux de production — épine dorsale du capitalisme. Cette action directe unifie le pouvoir de décision et d'exécution, élimine la division entre travail manuel et intellectuel, abolit la séparation entre dirigeants et dirigés, et fait cesser la représentation par la délégation de pouvoir.

Sur le terrain de l'autonomie ouvrière, le travailleur ne se fait pas représenter. Il se représente.

Il s'agit d'un processus de lutte dans lequel la classe ouvrière s'organise et se dirige, en se différenciant des classes dominantes, de leurs institutions, des pratiques et de l’idéologie d'intégration et d'exploitation. C'est une pratique qui unifie tous les fronts de lutte : économique, politique et idéologique, en ayant comme objectif final le socialisme."