dimanche 5 juillet 2015

Comme un chat de Floréal Cuadrado

Souvenirs turbulents d'un ANARCHISTE – faussaire à ses heures – vers la fin du vingtième siècle



La sincérité et la non complaisance de Floréal Cuadrado fait de ce livre un témoignage aussi fort qu'important. Dont la force pratique vaut bien plus et importe plus que toutes les digressions et logorrhées théorique. Ici et là on y apprend quelques vérités révélatrices d'un état d'esprit de certaines couches sociales face au réel "intense".

Passent à la moulinette critique: Les "partis combattants", l'avant-gardisme libertaire / élitaire, Guy Debord, Les déclarations d'Octavio Alberola, Les GARI, L'éthos de Jean-Marc Rouillan, l'impayable Lucio Urtubia. On y apprend par exemple que Cuadrado est à l'origine du faux Monde Diplo et de bien d'autres choses...Pas de grandes questions "idéologiques" mais de la "pratique" et de ses impasses.

L'objet ?

" Ce que je dis de moi ici n’a d’autre but que de montrer comment nous sommes passés du romantisme de la révolution radicale aux chimères de l’action “révolutionnaire” illégale sans poursuivre véritablement de but révolutionnaire ; comment nous sommes devenus, en quelque sorte, des politiciens de l’illégalisme " 

F. Cuadrado de-romantise salutairement sans briser ce qui fait le coeur des choses. Ainsi "Si l'histoire n'a retenu le nom que de quelques militants célèbre, sans les milliers d'anonymes, de sans gloire, le mouvement anarchiste espagnol n'aurait jamais connu un tel essor. Ce sont eux qui, avec une foi quasi religieuse, lui ont donné ses plus belles lettres de noblesse et sa singularité. Illettrés ou presque, ils ont bien souvent tout sacrifié pour las ideas, pour l'idéal. Sans ces militants, ma vie aurait été tout autre. Je n'aurais, de toute évidence, pas choisi la voie des combats incertains ou j'avais tout à perdre et peu à gagner. Leur rigueur morale et leur désintéressement m'ont préservé de bien des erreurs". (p.607)


Editions du Sandre. 680p. Avril 2015