jeudi 26 novembre 2015

état d'urgence, urgence de L’État, résister à l’urgence

état d'urgence, urgence de L’État, 
résister à l’urgence.


S'il nous faut questionner l'ordre des discours et peut-être plus particulièrement le religieux, il nous faut aussi très rapidement l'articuler à des interrogations plus globales qui déboucheront alors inévitablement sur l’analyse du discours de l'Ordre Étatique asséné actuellement, et qui accompagne si merveilleusement le capitalisme dans son orientation actuel.

Mais doit-on se demander qui soutient l'autre ? Dans cet enchevêtrement fort complexe, l'effet de sidération et le souhait de mise à distance donne libre cours à toutes les interprétations réductrices de se déployer. Sur ou sous-évaluations des faits religieux/idéologiques ou de la place des individus et groupes, mais aussi à un déterminisme économique vulgaire de s’immiscer dans les analyses géo-stratégiques.

La spectacularisation et la violence des flux informationnels ne donnent le plus souvent que des clés interprétatives voilées par la dilatation du temps médiatique. La camera oscura idéologique s’occupe de parachever les déformations et l’injonction à la dépêche-prise-de-position-politique s’avère alors un vrai désastre.

Le recul seul et la prise de distance (non le relativisme) nous permettra de délimiter les justes interrogations et de possibles actions.

L'entreprise de terreur est à son comble quand, dans une société atomisée, l'entreprise État s'occupe de reprendre à son compte l'unification de la fragmentation sous ses couleurs et les mots de son Ordre.*

Peu importe si cet Ordre fut un temps plus "progressiste"? (1) à un moment donné de l'Histoire, ce cauchemar. Nous ne pouvons pas nier le problème que pose la manière dont les populations s’en emparent, même s’il parait en surface caricaturalement “humaniste” et “libéral”, (au niveau sociétal) la rhétorique guerrière sous-jacente n’annonce qu’une mobilisation sous le drapeau de la pacification sociale. (2)

Mais la rhétorique à toujours un prix dont on nous indique le montant depuis quelque jours. Celui-ci se chargera de mettre les dispositifs à leurs justes et nouvelles places.

Le à-qui-profite-le-crime ? est une interrogation trop convenue dans cette crise de la modernité politique ou celle de la démocratie représentative. L'opportunisme politique et les lois propres du pouvoir et de sa conservation ne peuvent faire l'économie de la re-configuration du projet total marchand dont les données fondamentales sont posées historiquement. On se gardera aussi de la tentation historiciste qui n'est pas plus une réponse adéquate, car on a toujours tendance à croire que l'époque est toujours charnière de quelque chose....Mais de quoi exactement ? Peut-être que les événements actuels indiquent vaguement que démocratie et marché ne sont peut-être pas si indissociables ? Il reste à savoir de quel type de marché ! De dupe c’est certain puisqu’on nous invite à négocier celui de la “liberté”, de qui de quoi, laquelle ? sous le soleil sécuritaire.


L'instrumentalisation (attentiste) d'un “ennemi principal” (vielle technique toujours efficace) est un levier de mobilisation cohésion/contrôle des sociétés face au nouvel espace monde. Il ne s'agit pas ici de nier les conséquences tragiques au niveau individuel ou collectif, mais d'éviter que l’on nous raconte des sornettes politiques, pour combattre à terme le pathos susceptible d'être manipulé par les politiciens et les militants, dont la rhétorique creuse de pseudo-mobilisation volontariste ne s'appuie actuellement sur aucune lutte et réflexion collective. Tout au plus sur une certaine volonté de puissance contrariée, véritable carburant pour l’analyse de type paranoïaque et ses dérives.

Les événements qui viennent de se passer sont peut-être aussi une invitation à nous interroger sur les débats et pratiques qui n’échappent toujours pas à des formes d’orthopraxies politiques et qui ont toujours glissées vers des formes de moralismes et d’élitismes contre la gnose des textes sacrés marxistes ou anarchistes / libertaires déconnectés de la vie des prolétaires et dont les “intérêts”, souhaits et envies seraient toujours mieux compris que par eux-mêmes.

Ainsi si l’on se doit de résister à la bêtise et à l’urgence, doit-on par exemple se désespérer pour autant de la fameuse déshérence idéologique et se culpabiliser du soi-disant “vide” que les militants de la “bonne parole émancipatrice” se doivent ou se devraient de propager dans les "quartiers populaires" qui seraient, par défaut de leur “présence” militante, devenus des nids d’islamistes ou d’arrivistes concentrés ! Optique typique de l’avant-gardisme et du mépris de classe. (3)

Par-delà les postures et les mots, les belles idées étalées, les convocations systématiques et épuisantes, nous ne démordons pas du fait que : Les individus ne constituent une classe que pour autant qu'ils ont à soutenir une lutte commune contre une autre classe.

Et c’est bien la porte d’entrée de cette absence de conflictualité de masse et de classe que le pouvoir d’Etat et le capital utilisent pour y substituer la désignation de ce nouveau vieil “ennemi”, cet ersatz de “lutte” CONTRE : Le “terrorisme” cette religion des cons illuminés comme forme achevée de pratique anti-prolétarienne, qui participera incontestablement de la vague des replis identitaires et aux discours de se mettre sous la bannière de la “civilisation” ou de la fausse “tolérance” véritablement répressive, là ou ils devraient se mettre sous celui du combat de classe auto-organisé et universel.

Au delà de cela les prolétaires ne feront que s’affronter dans la concurrence et la peur.


Notes


* Voir l'invitation à "pavoiser" de F.Hollande.

(1)  Comme on tente de nous le vendre en faisant des références à l’"héritage" de 1789.

(2) Cela a d’ailleurs toujours été l’objet de la Nation réconciliée...avec le capital sa bourgeoisie et ses administrateurs.

(3)  Il va sans dire que nous devons plus que jamais affirmer une critique sans concession de la religion mais aussi de l'esprit religieux.

mercredi 18 novembre 2015

Mourir pour des idées...

Mourir Pour Des Idées


Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
Ils ont su me convaincre et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs, se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente

Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
Or, s'il est une chose amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Encor s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
Car, enfin, la Camarde est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre autour des échafauds!
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Georges Brassens

 Brassens Not Dead


vendredi 13 novembre 2015

L’extrême-gauche-de-la-saloperie

L’extrême-gauche-de-la-saloperie



La “gauche” n’a jamais été plus que le miroir de la droite. Son supplément d’âme qu’elle peaufine et habille de soi-disant vertus, a toujours été une manière de travestir son hiérarchisme et son paternalisme pour que finalement rien de puisse se transformer. On ne se méfie jamais assez des publicistes et des publicitaires de la générosité.

Quand la gauche s’extrémise, elle le fait toujours en pensant que c’est en se drapant deux fois plus qu’elle évitera le vent de la stupidité. Du drapé au déguisement en passant par l’organisation de carnavals-défilés, il faut bien reconnaître qu’elle a toujours pratiqué à un très haut niveau cet art de la domestication festive et de l’encadrement.

L'extrémisme, fusse-t-il de gauche, n’a jamais été une qualité. Le plus souvent il s’agit d’une caricature ou d’un brouillon, d’une pose ou d’une esthétique. Il reste à savoir en fait de quoi l’on est l’extrême surtout quand c’est l’extrême d’un cirque ou d’une assemblée nationale...

L'extrémisme de gauche est une simulation du pire de la politique et des magouilles infra-stratégiques. Si elle ne siège pas, rien ne l’empêche de se présenter et de représenter partout des certitudes tout aussi politiciennes que ce qui est censé lui être plus à droite dans la tradition républicaine et qu’elle feint de retourner de l’intérieur. C’est pourquoi elle est toujours extrême-ment opportuniste et bureaucrate.

Toujours indignée à l’extrême, elle sait se positionner en embuscade pour canaliser à son profit les énergies qui alimentent son aphasie, surtout lorsque sa droite est au pouvoir.

Ce qui la distingue de sa droite ou de la droite ? Cela n’a presque aucun intérêt puisque plus personne ne l’écoute et qu’elle ne représente plus grand monde. Mais elle fait profession d’extrémiser le plus médiocre et les supercheries, tant dans son mode d’organisation interne que dans son approche du quotidien. Les mouvements sociaux ? Ils ne sont qu’un terrain de jeu qu’elle entretient comme une anté-basse-cour pour apprentis politiciens.

Elle ne perçoit même plus l’inanité de sa demande qui consiste à vouloir gérer et à administrer le capital comme une association de consommateurs responsables et le plus extrêmement démocratique-bourgeois.

Extrêmement pragmatique, elle s’invite sur les plateaux de télé pour discuter sur des canapés et fauteuils douillets, et la voilà qui palabre sur le monde qui va mal, entre une chanteuse pop et un joueur de foot ou une page promotionnelle. Dans ce brouhaha où un propos chasse l’autre, ils et elles balancent d’une manière radicalement molle un : C’est la faute “de la finance” des “banquiers” parce que l’argent “il y en a” ma bonne dame. Ya qu’a mieux redistribuer “l’argent des riches”, de la pub ou taxer les produits gras et les billets d’avion. L’indécence c’est toujours les “gros salaires”, jamais ce qui les rend possible pas plus le bruit blanc de l'incohérence....

Il ne vient jamais à l’idée aux gens de l’extrême-gauche d’en finir avec le travail et son aliénation, ainsi que les rapports sociaux de production et la dictature capitaliste, puisque la plupart s'épanouissent dans leur super-jobs créatifs ou d’intellectuels qu’ils pensent être la norme. En revanche ils n’oublient jamais de généraliser l’aménagement de la misère pour aménager sans fin les aménagements.

Toujours moraliste elle théorise l’action et l’engagement par le temps dont ses acteurs extrêmement disponibles disposent et pense qu’il s’agit d’un étalon valable pour disserter sur l’engagement et la “pratique” des prolétaires infantilisés. Cette infantilisation systématique vire toujours à l’humanitarisme pacificateur ou au néo-léninisme. Ces derniers temps sous poncho libertaire...

Pour le commerce de cadavres cf  L'indigente Nouvelle Droite
Les visées stratégiques de l’extrême-gauche moribonde ne relèvent que de l’autoconservation de structures.

Peu importe d’ailleurs le grain qu’il faut moudre pour susciter les débats et les interrogations plus certainement les provocations cyniques. Ce qui compte c’est l’agitation jusqu’à l’épuisement. De cela elle s’en fout puisque c’est son “job”... son passe-temps.

Il importe peu à vrai dire que le grain à moudre soit déjà pourri, pourvu qu’il alimente le commerce frelaté des moulins politiques. Il faut croire que les places sont encore bien chaudes quand elles justifient toujours autant de contorsions sémantiques et des postures tordues.

Elle ne se gêne d’ailleurs plus ces dernières années pour convoquer les communautés pétrifiées du monde marchand (1) à ses débats merdiques, comme des putains pour son cauchemar historique qui sent toujours autant la militarisation du travail et la pénurie par la joie à coups de trique.

Intarissable sur le communisme transcendantal et l'aménagement des espaces de la reconnaissance bourgeoise elle ne parle définitivement plus de luttes ni de classes. En revanche, son électoralisme “révolutionnaire” mobilise toujours autant la petite bourgeoisie surtout préoccupée par la hauteur du marchepied.

Si elle reprend le langage de la domination qu’elle dés-encastre des rapports sociaux c’est n’en doutons pas un seul instant pour se faire comme toujours les futurs larbins de l’identité marchande.

Sous couvert de “progressisme” c’est le vieux roman de l’inter-classisme qu’elle tente de réécrire à chaque fois pour mieux masquer que ses représentants auto-proclamés par leurs positions sociales, ne sont pas plus opprimés sinon le produit du ressentiment et du mercantilisme intellectuel.

La pratique de l’extrême-gauche-du-capital nous la connaissons maintenant plutôt bien. Elle est liée à la structuration du capital et aux marchés des discours qu’elle négocie dans les laboratoires de l' infamie politique. En titillant comme toujours les frustrations de tous, elle ne se préoccupe que de répondre à la morbidité des individus forcés de devenir du capital humain consommable et/ou superflu et qui doivent être reconnus comme tels sur le marché. Commerce qu’elle se propose toujours d’administrer…

Peu lui importe que cette convocation se fasse sous les catégories les plus antinomiques du projet de liquidation du capitalisme. Si les mots sont importants et si nous n’avons pas peur de les analyser nous refusons catégoriquement de les utiliser pour penser le communisme, l’anarchisme ou la révolution.

Nous ne nous faisons aucune illusion sur l’utilisation du lexique du pathos de l’extrême-gauche pleurnicharde et méritocrate qui ne propose comme combat que d’apprendre à gravir les échelles déjà cassées ou de réparer les ascenseurs sociaux pour l’étage de la collaboration de classe.

Si l’extrême-gauche a toujours eu un discours et une pratique de merde sur la Nation et l’État, en défendant et en continuant de défendre toutes les formes de socialismes de caserne avec son lot de partis, armées du “peuple”, de bureaucraties corrompues et de vraies bourgeoisies.

Elle continue ces dernières années à s’enfoncer dans la saloperie la plus abjecte en accompagnant les religieux et donc l’esprit religieux, à défendre le concept de “race” sous couvert d’anti-racisme, à mobiliser autour de l’anti-fascisme pour mieux servir l’électoralisme et s’éviter une critique conséquente et logique des mesures anti-sociales dont elle participe en dernière instance par sa légitimation. Quand elle disserte sur le concept de “souveraineté” celui ci respire à plein nez le pet patriote/régionaliste et la chiasse nationaliste. En définitif elle morcelle continuellement le projet de transformation total de ce monde insupportable.

Mais peut-on s’en étonner ?! L’extrême-gauche-du-capital n’est que l’antichambre de la saloperie social-démocrate. Elle ne propose que la rébellion dans l’Ordre et pour le même…. En cela elle n’est que l’extrême-gauche-de-la-saloperie.

 NOTE.



1. Il n’est jamais question de prolétaires

Voila pourquoi vous ne nous verrez pas à la Marche de la Dignité et contre le racisme...


MARCHE AU PAS ! (Collectif Identité j't'emmerde)


Ou comment éclatent les frontières entre l’extrême-droite et l’extrême-gauche du pouvoir


Considérations sur le sous-fascisme et son époque



mercredi 11 novembre 2015

Ni racisme, ni racialisme, ni races - La Discordia le 25/11/2015

Sur la récupération du racisme par la gauche (et vice-versa).

Mercredi 25 novembre 2015 – 19h 
à la Discordia

L’idée d’une division de l’humanité en races, et le racisme qui en dérive, ont toujours été utilisés par le pouvoir (politique, économique, religieux, moral) comme un instrument servant à diviser les exploités entre eux. Cependant, dans ce monde ubuesque, on peut trouver des théoriciens universitaires (comme P. Tevanian) et des groupuscules politiques (tels le Parti des Indigènes de la République), qui se réapproprient le concept de « race ». Une racialisation de gauche de la politique (avec des bases prétendument « sociales ») sur laquelle le pouvoir (à travers des groupes comme SOS Racisme) prospère depuis déjà longtemps. Comment s’opposer à cette dérive qui, sous couvert de lutter contre des formes spécifiques de racisme (jamais contre le racisme en tant que tel et sous toutes ses formes), remet à l’ordre du jour la croyance que l’humanité se diviserait en « races » ? Comment viser à la fin du racisme au sein d’une démarche de libération totale, et non dans une optique identitaire qui voudrait valoriser des groupes humains particuliers, au dépens ou en concurrence avec d’autres ?



dimanche 8 novembre 2015

RÉUNION PUBLIQUE intervenant: Loren GOLDNER - Le 14/11/2015

RÉUNION PUBLIQUE
INTERVENANT :
Loren GOLDNER,

« LA LUTTE DES CLASSES 
EN CHINE AUJOURD'HUI
ENJEUX, CONTENU ET PERSPECTIVES »


Quelle est la situation des travailleurs
au sein de la première puissance
économique du monde ?

///

Quelles sont les formes de lutte ouvrière,
leurs impacts sur la société chinoise,
leurs conséquences sur la production mondiale... ?

Venez assister, participer, à la réunion publique
organisée par des travailleurs, étudiants, chômeurs,
qui aura lieu :


Le samedi 14 novembre à 19H30
à la Bibliothèque Associative de Malakoff,

14 IMPASSE CARNOT
MÉTRO LIGNE 13, STATION ÉTIENNE DOLET



mardi 3 novembre 2015

LA RECUPERATION EN FRANCE DEPUIS 1968 par Jaime SEMPRUN

PRÉFACE

« Mais ce qui est excellent non seulement ne peut échapper au destin d'être ainsi dévitalisé et déspiritualisé, d'être dépouillé et de voir sa peau portée par un savoir sans vie et plein de vanité ; il doit encore reconnaître dans ce destin même la puissance que ce qui est excellent exerce sur les âmes, sinon sur les esprits ; il faut y reconnaître le perfectionnement vers l'universalité, et la déterminabilité de la forme, en quoi consiste son excellence, et qui rend seulement possible l'utilisation de cette universalité d'une façon superficielle.»                                                 
                                                                                 Hegel. — Phénoménologie de l'Esprit.
                                                           
S'il est une lecture plus propre à persuader de l'inéluctable effondrement de cette société que celle des très nombreux ouvrages en exposant les diverses tares, c'est bien celle de ceux, plus nombreux encore, qui s'avisent d'y proposer quelque remède. Ma supériorité évidente, dont le lecteur appréciera bien vite tous les avantages, est de ne présenter aucune solution : j'attaque le problème, en la personne de ceux qui s'efforcent désespérément d'en maquiller l'énoncé. Comme au couteau : de bas en haut, des tâcherons de l'extrémisme confusionnel à la relève de la pensée d’État. Et qu'on ne me parle pas d'amalgame, on me fera plaisir : l'aspect le plus ingrat de ma tâche fut certainement bien au contraire d'établir les distinctions nécessaires dans ce magma informe, où les nuances de pensée sont si difficiles à cerner que personne jusqu'à ce jour, parmi les mieux intentionnés des exégètes, n'a jamais pu établir ce qui différenciait, rapprochait ou opposait « l'économie libidinale » de l'un et les « machines désirantes » des autres, par exemple ; ou encore les multiples idéologies autogestionnistes en circulation. Il est vrai qu'il suffisait, encore une fois, de ne pas croire sur parole ce que les idéologues disent de leurs marchandises. Une bonne appréciation de leurs productions (creusez le mot appréciation) est préférable à ces productions elles-mêmes. Naturellement !

Ceci est donc un ouvrage de circonstances, et même de circonstances aggravantes. Il est appelé à être oublié très vite, avec la notable quantité de littérature d'importance très transitoire dont il traite. C'est dire qu'il vient à son heure, alors que tous ces gens qui n'ont que subversion et « projet révolutionnaire » à la bouche n'ont strictement rien trouvé à dire, ils ont pourtant la plume facile, sur la réalité subversive que le prolétariat portugais a installée en Europe ; c'est-à-dire sur la première révolution sociale depuis leur entrée en fonction. Ils attendent sans doute pour la ramener que cela soit un peu refroidi, et il y faut, c'est un fait, des forces plus considérables que les leurs. Car on a beau connaître leur petitesse, on ne peut croire que leur mutisme soit seulement dû au dépit de voir qu'aucune assemblée révolutionnaire de travailleurs portugais n'a jamais éprouvé le besoin de discuter leurs thèses, ni rien qui y ressemble.

Il s'agit donc d'exécuter dans le détail la sentence que la révolution portugaise prononce massivement contre toutes les falsifications débiles de la réalité révolutionnaire autour desquelles s'organise le battage spectaculaire. Quand je dis dans le détail, que le lecteur ne s'effraie pas : je ne vais certes pas m'attacher à disséquer le moindre borborygme provincial, prendre en considération ce qui se crachote et ronéote d'Angers à Grenoble, en passant par Toulouse. (Certains ont accédé à l'imprimerie, mais leur prose n'en a pas été rendue plus lisible : ce n'était donc pas une question de typographie.) N'est pas récupérateur qui veut : encore faut-il trouver de l'emploi, et présenter pour cela un minimum de talent utilisable. Et d'ailleurs toute la piétaille des théoriciens ou anti-théoriciens méconnus qui font antichambre dans le purisme mécontent n'opérerait certainement pas différemment ni mieux que ceux qui tiennent actuellement le marché de la récupération, puisqu'elle ne serait engagée que pour falsifier les mêmes problèmes, qui sont de plus en plus malaisément falsifiables, comme on verra.

De même je laisse de côté la récupération diffuse : il y a peu à dire sur la modernisation superficielle de tous les agents du spectacle, des hommes d’État aux soutiers de la culture et de l'information, et ce qu'il y a à en dire d'intéressant apparaît mieux dans l'expression plus concentrée de la récupération de pointe.

Je ferais trop d'honneur à mon sujet si je le traitais avec ordre. On verra qu'il en est incapable : tout ce qu'il peut présenter de cohérent, c'est moi qui ai dû le lui apporter. Sous ma plume, la pensée des récupérateurs atteint une consistance que n'ont jamais eu leurs gribouillis hâtifs et désordonnés. Mais quand on est tellement au-dessus de son adversaire, il faut bien commencer par l'élever un peu pour pouvoir le frapper. Aucun récupérateur en particulier, parmi tous ceux traités ici selon leurs ignominies respectives, ne mérite que l'on se penche spécialement sur les idées qu'il affiche ; et même en bloc leurs grisailles se confondent sans s'augmenter. Car en fait de pensée ils n'ont plutôt que des arrière-pensées, des pensées d'arrière-boutique ; et ce qu'ils cachent éclaire seul ce qu'ils montrent. Je ne critiquerai pas leurs œuvres. Outre que cela impliquerait de lire sérieusement et avec méthode l'ensemble de cette immense littérature, ce dont je n'ai aucunement l'intention, ce serait à peu près comme d'expliquer la fonction de l'automobile dans cette société par la forme des poignées de portières, et la variation saisonnière de leur design. Allons donc directement au fonds commun de toute cette vase : ce qu'ils servent, et comment ils le servent. La couleur de la livrée renseigne sur le maître, et non sur le valet.

LA RECUPERATION EN FRANCE DEPUIS 1968 par Jaime SEMPRUN
TÉLÉCHARGER

- EXTRAIT DE -
-
Jaime SEMPRUN
PRÉCIS DE RECUPERATION
illustré de nombreux exemples tirés de l'histoire récente.
p 9 à 36. Éditions Champ Libre 1976


dimanche 1 novembre 2015

MARCHE AU PAS ! (Collectif Identité j't'emmerde)

MARCHE AU PAS !

A priori, condamner une « marche de la dignité et contre le racisme », c’est être du côté des indignes et des racistes. C’est un peu comme approuver la faim dans le monde, l’injustice, la guerre, les crimes policiers… Cette manifestation n’est pourtant qu’une grosse arnaque qu’il faut dénoncer. Afin de s’en rendre compte, il est d’abord indispensable de refuser de céder à l’émotion ou au chantage de faire le jeu du racisme d’Etat. Il s’agit ensuite de se pencher sur les registres idéologiques, les pratiques et les visées politiques des organisations et personnalités signataires de l’événement (idiots utiles mis à part). Le constat est alors sans appel : ceux qui nous haranguent ici sont des charognards identitaires, des coteries politicardes, des businessmen, des valets arrogants de la domination de classe. Dans les traces des liquidateurs de la lutte du prolétariat, ces avides candidats à l’encadrement du troupeau nous appellent à marcher au pas d’un capitalisme revigoré grâce à l’instauration d’un multiculturalisme auxiliaire du déchainement marchand. Voyons ça de plus près…


Une marche dans les pas des saboteurs de la lutte des classes

Les prolétaires les plus pauvres d’origine immigrée subissent des discriminations de toutes sortes, à l’embauche, au logement, de même qu’un surplus de violence policière débouchant régulièrement sur l’assassinat. Beaucoup habitent dans des zones urbaines de relégation que l’Etat désigne sous l’insipide formule de « quartiers ». Une oppression spécifique à l’encontre d’une combinaison entre origine géographique et classe sociale est ainsi bel et bien à l’œuvre, il serait stupide ou franchement réactionnaire de le nier. Les partisans de la « marche » considèrent que ce particularisme n’est qu’une forme de continuation du système colonial, qu’il faut supprimer par un combat « décolonial ». 

1) Leur diagnostic est pourtant faux : Durant les 50 ans qui nous séparent des derniers accès à l’indépendance des anciennes colonies, les capitalistes ont opéré un écrasement des salaires (directs et indirects) à l’échelle mondiale. Les travailleurs ex-colonisés ont représenté une main d’œuvre peu formée et bon marché. Leur émigration en France a donc eu lieu dans le cadre général d’un rapport salarial défavorable au prolétariat, ce qui a permis au patronat de maintenir la situation de ces exploités, de leurs familles, dans le cœur du processus de dégradation généralisée des conditions de vie. Substituer à cette analyse celle du « racisme d’Etat », c’est occulter la responsabilité des capitalistes en déplaçant le problème sur le terrain inoffensif de la morale. 2) Leur remède est empoisonné : plaquer le colonialisme sur la situation actuelle des prolétaires des quartiers conduit les « décolonialistes » à ériger les mouvements de libération nationale en modèles. Ils se gardent bien d’expliquer pourquoi ces forces politiques, dès leur victoire, ont toutes instauré des dictatures, et qui plus est très complaisantes avec l’ancien colon. Plusieurs de ces régimes se sont instaurés sur les charniers des prolétaires révolutionnaires qui s’activaient à transformer la lutte anticoloniale en révolution sociale, notamment au Vietnam ou en Algérie. Ce mensonge qu’avancent le PIR et autres autodésignés « indigènes » permet d’épargner la bourgeoisie en vantant une alliance avec elle, par l’intermédiaire de ses représentants « non blancs ». C’est aussi un point de connivence avec les survivances des bureaucraties staliniennes que sont le PCF et autre NPA. Ce n’est pas le seul.

Une marche au pas identitaire.

Les organisateurs de cette manifestation ne s’arrêtent pas à des analyses erronées et de fausses solutions. Ils participent activement à répandre la lèpre identitaire parmi les prolétaires, ce qui arrange la bourgeoisie dont l’une des stratégies permanente consiste à diviser les exploités pour mieux les soumettre. Bouteldja se satisfait publiquement que plus personne ne parlerait de classe sociale dans les « quartiers ». Une telle affirmation en dit long sur la caution que cette hipster homophobe, racialiste et intégriste religieuse porte à l’ordre en place. C’est aussi là le but non déclaré de la nébuleuse identitaire dont elle fait partie : chasser la conscience de classe pour mieux fabriquer une identité religieuse, raciale, culturelle, sur laquelle les filiales françaises de l’organisation d’extrême-droite la Confrérie des Frères musulmans (CMF, UOIF, et dont l’une des stars est Tariq Ramadan) ainsi que toute une petite bourgeoisie électoraliste et pro Union européenne comptent capitaliser. L’identité est dès lors une véritable geôle que vise à régenter de nouveaux interlocuteurs de l’Etat. Ce système fonctionne déjà aux USA ; d’où la présence à cette manifestation de différents universitaires américains, émissaires d’un modèle multiculturaliste. Le schéma de récupération des luttes qui se dessine est alors le suivant : faire des oppressions spécifiques des foyers d’affirmation communautaristes, dont la gestion est économiquement rentable (l’essor du marché de l’identité religieuse et culturelle en est la traduction) et pourvoyeuse de pacification sociale (des habitants qu’on invite à se percevoir avant tout en tant que membre d’une communauté d’identité, en quête d’intégration à la bonne marche capitaliste). Tout cela est curieusement conforme aux préconisations de la Commission européenne en matière de rapport des institutions avec les religions mais aussi de « gouvernance » à partir des principes de subsidiarité et de « démocratie participative ». Peu importe qu’au passage des discours et des organisations d’extrême-droite soient de la partie.


Une marche au pas capitaliste.

En 2012, EELV, le PCF ainsi que le NPA ont tous appelé à voter pour François Hollande alors que n’importe qui pouvait facilement savoir qu’il appliquerait à l’identique le programme d’un Sarkozy vainqueur, c'est-à-dire une politique de guerre impitoyable contre les prolétaires. Ce sont ces partis politiques ou certains de leurs membres de gauche, ainsi que des directions syndicales leur étant affiliées, telles que SUD, qui appellent à défiler le 31 octobre avec les racialistes du PIR et les intégristes religieux (dont certains sont habillés en rappeurs). Hormis le soutien électoral qu’ils ont apporté au PS au second tour des élections présidentielles, ces formations politiques appliquent sans vergogne l’austérité (autre mot pour la régression sociale) dans les collectivités territoriales qu’elles gèrent, tout en feignant de la pourfendre. Avec un zèle à faire pâlir la droite et l’extrême-droite, elles mettent également en œuvre les grands projets de rénovation urbaine et institutionnelle, comme la métropole du Grand Paris, dont commencent déjà à pâtir les populations pauvres et les agents publics. Comme par hasard, beaucoup de leaders de collectifs (comme les « collectifs citoyens ») présents à la manifestation ont joué de leur appartenance au quartier, pour tenter de contrer le fort abstentionnisme qui y prévaut et faire voter au final les habitants en faveur des partis qui aujourd’hui les dépouillent.


Cette « marche » n’est qu’une écœurante démonstration de mise au pas du prolétariat. Ce sera sans nous.


Collectif Identité j't'emmerde