mercredi 11 janvier 2017

Notre ennemi: Michéa

Notre ennemi: Michéa 
et sa conception du monde.

A propos de Jean-Claude Michéa sur France Culture le 11/01/2017.


Certains réveils son plus désespérants que d'autres, surtout quand en fond sonore l’infâme brouet michéiste vous est déversé à jeun, sans précautions et pratiquement à date fixe c'est à dire quand le sieur s'autorise à commettre son opuscule nécessaire à son transit d'après les fêtes, par une filiale du groupe holding Madrigall.

Quelque peu fatigué ce matin du 11/01/2017 dans les matins de France Culture, J-C Michéa  s'enorgueillit de parler aux, et des classes populaires, et étale des références intellectuelles d'une culture historique dont il n'a jamais été proche ou alors que dans ses salles de classes....

Quand ses références virent à l'archéologie des débats de la Ière et de la IIème Internationale dont les classes populaires ou son "peuple" se fout totalement, c'est pour continuer à coupler/amalgamer libéralisme économique et politique qu'il associe au bobïsme des classes supérieures mais pour mieux nous vendre son idéologie version bobo-réac, c'est à dire celle de la décroissance, idéologie doloriste, alter-capitaliste des petits-bourgeois coupables. (1)

Ceci à coup de réclame ouverte pour Podemos (on est plus à une contradiction prêt, même chez ses fans anars), un Parti, c'est à dire la forme typique de structure politique bourgeoise ! Tout en étant faussement critique du caudillo sous-chavezien (Mélenchon). Chavez n'oublions pas ! (2) Que Michéa affectionnait particulière comme promoteur d'une "valeur" propre à la common decency: le nation, le patriotisme. Ainsi Mélenchon serait sur la bonne voix mais pas la bonne voie ! S'il s'agit de la Vénézuélienne on nous permettra de douter au vu du désastre.

Dans les écuries Michéennes on y trouve toujours un nouveau fumier étonnant, aux compositions aussi originales que puantes.

L'avant-dernier avait des relents de Krisis revue théorique de la Nouvelle droite. Le dernier sollicité par le journaliste Guillaume Erner touche plutôt à la catégorie du renvois, plus précisément du vomis bien dégueu.

A la question du journaliste sur ce qu'il le distingue d'avec le fasciste Patrick Buisson et plus précisément sur le constat commun qu'ils font sur le truisme de l'atomisation par le marché (3) (on doute plus que fortement que Buisson soit anti-capitaliste même le journaliste interrogatif semblait en douter) la seule chose qu'a pu nous trouver Michéa sur ce qui le différencie, serait "sa" lecture du 3eme livre Capital de Marx (sic) dont Michéa rejette d'ailleurs le matérialisme historique ! Tout un programme, qu'il qualifie d'ailleurs de néo-marxisme, lui "l'Anarchiste Tory" (on est pas à un paradoxe prêt, cela en fait des contradictions) avec en prime une belle récupération/caution de feu Robert Kurz ! ("Théoricien" comme ils aiment à se dire dans le "milieu" de la "Valeur" mais on y reviendra). Aux oubliettes la lutte des classes Jean-Claude ?

J.C Michéa passe bien sûr à la trappe qui est Patrick Buisson ! c'est à dire un militant d'extrême droite notoire, l'inspirateur du ministère de l'Identité nationale de Sarkozy (et de l'Immigration) un ancien rédacteur en chef avec François Duprat des Cahiers européens, publication nationaliste révolutionnaire. etc...

Donc si l'on pige bien en écoutant le réac Michéa rien de plus ne l'oppose à ce dernier, pas même une certaine conception de l’Égalité ? le rejet de la xénophobie ? l'universalisme ? une critique de la nation (mais cela on le savait). On ose même ! L'Internationalisme prolétaire ? ... Qu'est-ce donc que "l'anti-capitalisme" de ce petit prof retraité de l'éduc nat que nous propose Michéa ? on en sera pas plus.

Il faut croire qu'il doit y avoir un "terrain" commun avec ce Buisson, on pense plus précisément à celui de 'l'Identité' (nationale) que n'a pas arrêté de défendre Michéa pendant l'émission, et ceci sous toutes les coutures. Dans une optique qui ne déplairait pas à un Onfray, autre apôtre du "réel" et des livres.... qui se vendent. Du "vrai" de l'enraciné avec des "vrais" hommes qui ne tolèrent pas le flottement, l'indistinction, le trouble dans le genre. 

Il faut quand même bouffer pendant la Décadence (4) !

Voila pourquoi la nouvelle critique du capitalisme version michéiste s'est maintenant faite catastrophiste, version critique de la valeur. (Voir le dernier chapitre de son livre).

Le marché de la parousie ne semble pas encore saturé semble t-il, mais en convoquant quelqu'un qui ne pourra pas répondre de sa "récupération" (Robert Kurz est décédé en 2012) sous le ciel brun de "l'Identité" nous pensons qu'il s'agit d'une nouvelle l'offensive idéologique menée par Michéa, ce proche de Serge Latouche. Ce dernier s'était déjà autorisé à convoquer Alain De Benoist au débat sur la "décroissance" sous le soleil du ni de gauche ni de droite.

Désavoué assez clairement mais tardivement par le courant de la critique de la "valeur-dissociation" Latouche fait revenir la Nouvelle Droite par la porte médiatique d'un Michéa toujours par le biais de leur maison commune, celle du Mauss (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales) et de l'anti-utilitarisme.

Il sera nécessaire d'ici quelques temps que le courant "critique de la valeur" désavoue énergiquement cette nouvelle récupération opérée par un "théoricien" proche de la Nouvelle Droite ce qu'est Michéa.

Ce que n'a jamais réussi à faire pour le moment le Lanturlu de la "critique radicale" des estrades et des places républicaines. Pourquoi ?


Notes  

(1) Le communisme ce n'est ni la pénurie ni la décroissance pas plus la fausse abondance capitaliste.


(3) La meilleur matrice des identitarismes, ce qu'est d'ailleurs incapable d'analyser le laborieux scoliaste Michéa.

(4) Titre du dernier truc machin livre d'Onfray. Décadence que vous pouvez aussi subventionner en vous abonnant à la web Tv de Michel (sans Jacky !) à 4€/ mois....la fin est proche autant prendre l'argent ou il est.


* * *


Addendum : au risque de nous répéter


On peut légitimement se poser la question de savoir s'il faut s'occuper du troll Michéa ? Dont le public est quasi exclusivement composé de cette petite bourgeoisie intellectuelle qu'il critique d'ailleurs en totale connivence avec ses représentants médiatiques.. Ce jeu de miroir bien compris et efficace, est le propre du discours de l’épicier moraliste ou du commerce “équitable”des idées. (De France Culture aux Inrocks.)

Nous prenons acte de ses déversements (livres, interviews, émissions). Ainsi on ne voit pas au nom de quoi nous ne devrions pas réagir et nous laisser vendre sa camelote frelatée. Surtout dans un rapport de force qui est largement en sa faveur. (Nous nous situons en dehors des joutes du microcosme universitaire et des jeux de réponses courtoises entre sociologues d’État, et autorisés à se répandre dans la presse bourgeoise)

Peu importe que celui-ci se revendique d'un "anarchisme tory", d'une soit disante démarche "libertaire" ou d'un certain marxisme debordisé par ses soins, et selon les moments, plus certainement d'un Orwell qu'il truste depuis plus d'une décennie, et dont il ontologise la pensée en la dé-historicisant.

Nous n'avons pas de plates-bandes à défendre car il y a autant de "libertaires" que d'individus, que "d'associations". Que celles-ci soient plus proches du réformisme ou d'un pédagogisme fonctionnarisé fait parti d'un certain folklore militant qui n'épuise que ceux qui un jour partiront vraiment à l'assaut du monde marchand.

Mais que d'autres discutent avec les "catégories" de la Révolution sociale, et le fassent pour que l’on cesse définitivement d'en parler, voilà une arnaque qu'il nous faut au moins prendre au sérieux.

Que les individus et les groupes qui se revendiquent de la pratique et de l'idéal de la transformation radicale c'est à dire révolutionnaire, se fassent les relais a-critique du discours réactionnaire Michéiste nous pose un vrai problème. (Même si cela permet à certains de remplir leurs petits commerces de librairie, et leurs maisons d'éditions)

La xénophobie de Michéa illustrées par ses "scolies" et notes de bas de page sur le "sans- papiérisme", le "sans frontièrisme", les “jeunes” de banlieues. Son "nationalisme" et son "patriotisme" travesti par une chemise Orwellienne vire à la novlangue. *Ainsi le "commun" serait la nation et l'esprit patriote ! La catégorie de “peuple” dont il nous rabâche les oreilles prend toute les tonalités de l’inter-classisme du fascisme historique, tout comme sa critique catastrophiste du “capital” qu’il pense pathétiquement pouvoir concilier avec des îlots d’espaces marchands. Troisième voie ?

Ses références à Constanzo Preve, à la revue Krisis d'Alain de Benoist, à Chavez, au propos masculinistes de Christopher Lasch ne semblent déranger personne dans le "milieu" libertaire, qui se pique pourtant de réagir au quart de tour contre les “frontistes”. N’ont-ils donc pas lu l’auteur qu’ils encensent à longueur de référence (le selon Michėa!) dans leurs propos mondains et pseudo érudits ?

On minimisera peut-être être son poids (et à juste titre) en disant qu'on a jamais vu un Michéa (ou un Onfray) dans nos grèves et luttes, ou distribuer un tract comme beaucoup d'entre nous prolétaires anonymes.

Mais en l'absence de perspectives communistes, et parce que l'idéologie dominante est toujours l'idéologie de la classe dominante, ou de celle qui vient, et parce que nous pensons que le pire des poisons est bien l'identitarisme (national, racial) de "gauche" ou pas.

Parce que les conceptions se relaient et infusent par capillarités jusqu'au plus profond de la société par différents types de relais, qui transforment et vulgarisent ce type de discours dans des moments ou les luttes offensives et collectives sont en retrait.

Ne pas les combattre, c’est permettre aux fausses communautés du capital, ses fétiches de se présenter et d’enfoncer le clou de l'exploitation et de l'aliénation, pour liquider encore plus profondément le combat de classe contre le capital sous couvert de l'intérêt supérieur de la république, de la nation (ou de la race).

Soyons francs les projets s’affirment moins (en ce moment) sous les escroqueries historiques du capitalisme à visage humain dans un seul pays ou socialisme de caserne dans un seul pays. Mais de plus en plus ouvertement sous le drapeau de la guerre des races, communautés, identités réifiées pour et par la marchandise et pour le pouvoir / plus-value.

L’identitarisme (nation, race, religion) est la meilleure porte d'entrée de toutes les problématiques et positionnements réactionnaires. Elles peuvent toutes s’y engouffrer. Mais il ne fait que masquer une nouvelle fois les intérêts historiques de la bourgeoisie et du processus infernal et immanent à l’accumulation du capital. Il s’agit du meilleur dissolvant toxique de la conscience de classe révolutionnaire. Le prolétariat à toujours été historiquement vaincu sur ce terrain. (Voir labyrinthe du fascisme)

Le seul qui lui permettra de s’auto-abolir (comme classe) demeure celui de la destruction du totalitarisme marchand et de ses fétiches. Le prolétariat ne peut jamais séparer son projet historique d’émancipation qu’est le communisme d’avec la destruction immédiatement de toutes les frontières, hiérarchies, partis, États. Pour en finir définitivement avec la séparation de sa pratique.



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jeudi 5 janvier 2017

Contre la politique : Pas un seul cheveu blanc n'a poussé sur nos rêves - Maresia DALLUA (parution)


Éditions Séléné 69p. 4€
contacter les éditeurs leshabitantsdelalune@yahoo.fr


Après une trépidante saison de batailles contre le monde de l'argent, alors que l'initiative collective a tissé les fils d'une communauté possible, comment éviter que le retour de "la politique" ne dévore nos cœurs et nos têtes ? Alors que les luttes sociales s'éteignaient les unes après les autres, nous avons continué à nous battre et a nous organiser. Mais quelques années plus tard, absolument indifférents aux conséquences qu'engendrait la paix sociale sur nos organisations, notre histoire basculait dans l'aliénation militante et le sectarisme le plus absolu. 
Aujourd'hui. nous ressentons le besoin brûlant de soumettre cette expérience à la critique de tous ceux qui agissent dans une perspective d'abolition de la calamité capitaliste. (...)
Nous ne voulons pas d'une "liberté" qui consiste a être libre d'exploiter ou d'être exploité, nous ne voulons plus d'exploitation. 
Nous ne voulons pas de riches moins riches et de pauvres moins pauvres, nous ne voulons plus qu'existent les classes sociales. 
Nous ne voulons pas être libres de travailler ou faire travailler, nous voulons la seule véritable liberté imaginable : celle que possède une communauté d'hommes et de femmes, disposant librement du temps comme champ d'épanouissement de leur activité humaine. 
Pas un seul cheveu blanc n'a poussé sur nos rêves!


NOTE VOSSTANIE

Aussi stimulant que plombant. On nous avait déjà prévenu il y a longtemps. Une piqure de rappel c'est toujours bon et bien. Histoire simplement de ne pas oublier qu'il ne faut pas trop perdre son temps...On pouvait déjà conclure pendant une émission sur le Portugal de 1974 "A l'époque dès que se créait une organisation elle en venait toujours à être manipulée par des avant-gardes ou des chefs qui n’étaient bien souvent pas des prolétaires et qui donc, ne comprenaient rien aux raisons de la lutte. Ceci est même valable pour des groupes dont les positions étaient justes historiquement et dont les prétentions et l’arrogance était entretenue par leurs fragilités. Mais il n’en était pas moins léniniste et autoritaire dans leur manière d’être. Les révolutionnaires ont aussi démontré dans leur grande majorité qu’ils sont une partie du problème et non une partie de la solution." L'Histoire réfléchissante est-elle possible ?