jeudi 14 juin 2012

Marxisme et philosophie de Karl Korsch

Présentation de l'éditeur.

Ainsi les hommes se sont-ils appliqués de manière pratique à la réalité effective. Si concrète que soit la liberté en elle-même, elle n'en a pas moins été appliquée sous forme non développée, dans son abstraction, à la réalité effective, cela veut dire la détruire. Le fanatisme de la liberté, une fois aux mains du peuple, devient terrible. En Allemagne, le même principe a retenu l'intérêt de la conscience ; mais il a été développé de manière théorique. Nous avons, nous, la tête assaillie et envahie par toutes sortes de bruits, mais la tête allemande préfère garder tranquillement son bonnet de nuit, et opère à l'intérieur d'elle-même.

La vie intellectuelle de la République de Weimar a donné naissance à une forme de marxisme qualifié d'"ouvert". Ce texte fondamental marque en l'occurrence la naissance du marxisme critique. Il eut en 1923 un impact plus considérable encore que Histoire et conscience de classe de Georg Lukács. Il gêna en son temps, tant il ne pouvait être repris ni par les marxistes orthodoxes, ni par les sociaux-démocrates. 

Karl Korsch procède à une analyse épistémologique de la théorie marxiste. Et en vient à rejeter toute pensée dogmatique puisqu'il lie intimement la théorie et la praxis, se mettant ainsi en porte-à-faux avec le marxisme orthodoxe qui apparaît en contradiction avec le mouvement historique réel. Pour Joseph Gabel, Marxisme et philosophie pointe du doigt "la cristallisation d’une forme de fausse conscience politique". L'obsession de Korsch : combattre le dogmatisme, pour une désaliénation. En rappelant l'indissociabilité entre conscience sociale et rapports de production, ce texte constitue un instrument pour penser notre époque. 

Traduit de l'allemand par Baptiste Dericquebourg, Guillaume Fondu et Jean Quétier. 

Editions Allia  144 pages  ISBN: 978-2-84485-580-0

Rappel Vosstanie: 1ere publication en français aux Editions de Minuit (Collection Arguments) en 1964 traduit de l'allemand par Claude Orsoni présenté par Kostas Axelos. 

lundi 11 juin 2012

Nouvelles de nulle part de William Morris

Nouvelles de nulle part ou Une ère de repos a été publié pour la première fois en anglais en 1890 sous le titre original News from Nowhere or An Epoch of Rest. Cette édition, inédite en version monolingue, reprend la traduction française effectuée par Victor Dupont en 1957( revue par les éditions de l'Altiplano). Nouvelles de nulle part, oeuvre majeure de Morris, est à classer dans la veine des romans utopistes. Outre une écriture élégante et généreuse, le texte de Morris constitue un apport politique considérable en terme de critique du travail, de la marchandise, de la démocratie, de l'État, de la justice, du système carcéral, etc. Il peut également, à l'heure de l'utilisation généralisée de la notion de développement durable, être abordé sous l'angle de l'écologisme radical.

 Texte de 4e de couverture :

« Excusez-moi, voisins, c'est plus fort que moi. L'idée qu il peut y avoir des gens qui n aiment pas travailler ! C est par trop ridicule ! Mais même toi, mon pauvre vieux, tu aimes travailler... à l occasion, dit-il en caressant affectueusement le cheval de son fouet. Quelle étrange maladie ! Et qu on avait bien raison de l'appeler la Rogne! » Et il recommença à rire de façon plus bruyante encore ; trop bruyante, à mon avis, pour sa courtoisie habituelle ; et je me mis de mon côté à rire pour faire comme lui, mais du bout des dents seulement, car je ne voyais, quant à moi, rien de drôle dans cette idée de ne pas aimer le travail, vous pensez bien.

William Morris est né le 24 mars 1834 à Essex, en Angleterre. Issu d une famille aisée, il étudie à Oxford avant d embrasser une carrière artistique. Étudiant en architecture, puis en peinture, poète à ses heures perdues, il rencontre Dante Gabriel Rossetti et les artistes de la « Confrérie préraphaélite » en 1856, ce qui le pousse à consacrer sa vie aux arts décoratifs. Cependant, sa nouvelle passion le place dans une position de tension permanente entre des aspirations socialistes utopiques et la création d'objets de luxe destinés irrémédiablement à la haute bourgeoisie. Il se fera néanmoins connaître comme l'un des plus brillants décorateurs britanniques. Morris débute son activité politique dans le camp libéral, mais, en 1883, il rejoint le mouvement ouvrier en adhérant à la Social Democratic Federation marxiste, dirigée par Henry Hyndman. En décembre 1884, voyant l orientation réformiste de la SDF, Morris rompt avec Hyndman, tout comme Friedrich Engels, et participe à la fondation de la Socialist League avec notamment Eleanor Marx, la fille benjamine de Marx. Le manifeste fondateur rédigé en grande partie par Morris prône l'internationalisme révolutionnaire. William Morris prend part à l'agitation politique et aux grèves des années 1886-1889, notamment à la manifestation des chômeurs à Trafalgar Square le 8 février 1886 (Black Monday Lundi Noir), aux grèves des mineurs en 1887 ou encore à la manifestation du 13 novembre 1887 à Trafalgar Square (Bloody Sunday Dimanche de Sang.) Il tente de préserver depuis sa création l'unité de la Socialist League en servant de médiateur entre les tendances marxistes et anarchistes du groupe. Cependant, non satisfait de l'évolution de la Socialist League vers l'anarchisme, il la quitte également en 1890 pour fonder la Hammersmith Socialist Society.
Le livre est en téléchargement / lecture sur le site de l'éditeur http://www.laltiplano.fr/ il est bien sûr préférable de le lire sous format livre !