dimanche 31 août 2014

La synthèse des faux-culs

La synthèse des faux-culs
A propos de: Affinités révolutionnaires Nos étoiles rouges et noires. Editions Mille et une nuits

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Quand un adorateur du stalinien Guevara, adepte du plateau de M.Drucker, vient expliquer dans les shows mondains qu’il ne confond pas la gauche et la droite et donc invite à voter Hollande ceci entre deux trois commentaires sur la belle passe de tel ou tel joueur de foot payé des millions, s’associe avec le promoteur de la théologie de la libération, défenseur depuis 45 ans du christique Che en cumulant le pompeux titre de professeur émérite expert en embaumement de la pensée des révolutionnaires,   tout en adhérant au NPA (1), il y a de quoi se demander de quelle came (encore) frelatée il s’agit ici de nous refourguer ?

Pour un anarchiste intelligent la “synthèse” ça le connaît. Solution de détresse du mouvement anarchiste en décomposition, elle a été la gélatine intellectuelle sortie du cerveau de Sébastien Faure, qui a permis de faire se maintenir dans la flasquitude, toutes les tentations d’inaction ou d’actions molles. Mais elle a aussi permis toutes les audaces caricaturales à faire rougir un bolcheviks, comme celle d’un Georges Fontenis lassé de tant de jelly politique et de Joyeux-series.

Peut-être aussi n'est-til  pas question de résoudre toutes les “antinomies” dans une perspective toute Proudhonienne. Proposition que n’a manifestement souhaité suivre Piotr Archinov.

Pour un marxiste non moins idiot, une synthèse puise sa source dans les fondements d’une problématique Hegelienne et sonne comme dépassement de la contradiction des éléments opposés, qui sont à la fois affirmés et éliminés et ainsi maintenus, non hypostasiés, dans une synthèse conciliatrice voir même réconciliée. Ceci donnant lieux à toutes les “subtilités” c’est dire la recherche “professionnelle” et militante des contradictions dans les innombrables recoins de la matière sociale ceci jusqu’au niveau moléculaire. La synthèse “marxiste” a aussi été un moment Loi d’Etat et justification de la saloperie, au nom d’une dialectique rédemptrice qui allait dans le sens de la flèche du temps en direction de L’Histoire faite par le Parti.

Guevara éternel.... policier.
Pour quelqu’un qui ne serait pas particulièrement anarchiste ou marxiste il y a vraiment de quoi se méfier du mot de “synthèse” surtout quand celui ci est manié par des politiciens d’extrême-gauche (2) qui tapinent pour la gauche du capital tout en pleurnichant ensuite sur la nième “trahison”. 

Nous n’avons bien sûr pas attendu M.Löwy et O.Besancenot pour regarder les faits historiques le plus objectivement possible, c’est à dire au delà de toute justification historique, loi de l’Histoire ou des jeux de pouvoirs, ceci sans tomber dans le panneau du qui a tort ou raison.

Les courants dont ils sont les héritiers ont pour matrice un sens de la “stratégie” qui nous est étranger, lit de tout les opportunismes. Qu'ils déguisent cet opportunisme en auto-critique ou en repentir n'a pour conséquence que de nous conforter dans cette tentative de contre-façon politique qui s'incarne toujours dans la même démarche publicitaire et médiatique.

L’illustration de cette assertion c’est aussi de déformer les parcours. Comme par exemple celui de Walter Benjamin qui s’il peut être considéré comme un “libertaire” dans l’acception très très large du terme ceci en comparaison d’une orthodoxie marxiste d’une époque, n’est pas le “marxiste libertaire” qu’ils prétendent. Car l’étiquette racoleuse ne dit rien de la complexité de ses influences, de son parcours et ne participe que d’amalgames et de raccourcis surtout quand on sait ses relations avec Adorno, Bloch, Brecht etc... 

C’est ici que nous attaquons cette notion de "marxisme-libertaire" chère aux deux promoteurs de ce faux dépassement forcement foireux, qu’ils ont bien sûr préféré à “communisme libertaire” ou soyons aussi délirant qu’eux “d’anarcho-marxisme”.

Obligatoirement foireux car qui sont-ils pour proposer cette invitation en dehors des pratiques radicales des prolétaires? Cette invitation aux odeurs d’oeucumenisme politicien n’est en rien aux couleurs de l’intelligence. 

Même si nous avons nourri notre imaginaire du fameux livre sur l’Anarchisme de Daniel Guérin nous ne faisons pas de celui-ci un “théoricien” particulièrement averti de Marx et dont les aventures et les compagnonnages politiques ont été aussi divers que complexes et n’ont à notre avis, fait qu’apporter de l’eau au moulin de la confusion politique. D’ailleurs nous ne lui connaissons pas (de sa plume)  d’ouvrage équivalent “marxiste” à sa célèbre et stimulante anthologie de l’anarchisme

Le projet des deux compères s'inscrivants dans la proposition de Daniel Guerin s’affirme finalement assez clairement. Dans son sillage peut-être s’agit-il de créer un nouveau PSOP ? pourquoi pas un nouveau laboratoire / auberge espagnole de la récupération politique comme le PSU, dont les ambitions n’ont finalement consisté qu’a être la voiture balais du PS.

S’il faut un jour dépasser quelque chose cela ne sera pas avec leurs propositions au relent de pâté d’alouette électoraliste. La seule chose dont il faut faire l’éloge et non la synthèse c’est de la nuance et de la complexité. De la mise en adéquation des moyens et des fins. C’est à dire de dénoncer la manière qu’ont les partis à vouloir contrôler, structurer et synthétiser, c’est à dire réduire la richesses des pratiques et des idées. 

Le “marxisme libertaire” n’existe pas et nous ne le cherchons pas particulièrement dans un Marx libertaire pas plus que nous nous intéressons de “marxiser” l’anarchisme. Il existe autant de dépassements que d’individus qui se rencontrent et se rencontreront dans le combat de classe, et c’est à notre avis sur ce seul dépassement qu’il faut compter.


(1) Parti "anticapitaliste" qui pense que détruire le capitalisme c'est taxé le capital.
(2) Politicien d'extrême gauche c'est à dire l'extrême gauche du capital.