lundi 26 novembre 2018

(Mise à jour) L'État fera-t-il un Loto pour les #GiletsJaunes ?


L'État fera-t-il un Loto 
pour les #GiletsJaunes ?





Il est problématique pour certains courants politiques de se mobiliser “contre les taxes” et l’augmentation des carburants. On se demande illico pourquoi le point de fixation n'a pas pris sur la hausse du gaz (7,45 % au 1er juillet 2018) ou de l'électricité, les tarifs des autoroutes ou les APL ?

On pourrait traiter bien sûr plus longuement de ce que draine la question de la mobilité et la manière dont elle est vécue au quotidien, mais aussi comment elle s’inscrit depuis un certain temps comme une “liberté ” et même un mode de vie.

Mais ce qui nous nous questionne c’est que certaines gouttes de diesel soient à l'origine du “débordement” de cette cuve sociale car c'est un certain type de rapport à l’engagement tel qu’il peut être pensé et “organisé” dans les sphères dites “politiques” ou “militantes”qui est finalement interrogé.

Ainsi les tentatives de mobilisations sur la Loi Travail, l’attaque sur le régime des retraites qui s’annonce, ou la privatisation des transports publics ne semblent pas avoir eu la force symbolique de cette augmentation de taxe.

Face à cette “auto-organisation” (pour la spontanéité on ne sait quand elle commence) médiatisée par les réseaux sociaux et relayée complaisamment par les médias la première question qui s’impose nécessairement relève de la forme prise par ce ras-le bol.

On précise rapidement ici que cette “autonomie” (hors syndicats et partis) n’est pas plus un principe politique que le dirigisme. Ce qui manifestement déstabilise les plus fétichistes jusqu’aux léninistes comme les plus opportunistes-suivistes de l’anti-léninisme. N’oublions jamais que forme et fond sont liés et que l’oublier c’est faire des acteurs des luttes dans la plupart des cas des marionnettes. Ce qu’ils ne sont certainement pas.

La réussite qualitative des gilets jaunes de par les nombreux lieux de rendez-vous s’inspire quoi qu’on en dise d’un certain type de blocage de flux. Les blocages des ronds-points, des autoroutes ou des accès aux zones commerciales font étrangement écho aux places urbaines occupées par les NuitsdeBoutistes et aux échecs de ces derniers quant à la tentative de paralysie des grandes gares et même de la fameuse “économie”.

Ce qui est flagrant, c’est que les gilets jaunes ont bloqué des lieux quotidiens et de transits qui sont finalement les leurs, ceux qu'ils empruntent tous les jours et plus précisément là où ils seraient eux-mêmes “emmerdés”.[1]

Déterritorialiser où déplacer les “emmerdes” peut être vu comme une manière d’éviter un certain type de confrontation où ils pourraient être plus concrètement question du “pouvoir d’achat” plutôt que demander la baisse ou le gel des taxes par un appel régulateur à l’État.

C’est peut-être cela qu’il faudra questionner et analyser. Qui demande ? Et à qui et quoi ? Pourquoi évite-t-on la lutte directe avec les patrons ? Que nous disent ces luttes sur les moments de la conflictualité sur le lieu de travail ? Sur ce qui est possible ou plus dans le cœur historique de la reproduction du capital ?

Augmenter les salaires ou baisser les taxes ? La problématique n’est bien sûr pas la même.

Certains gilets jaunes en se rendant devant l’Élysée pour être “entendus” et “écoutés” ceci non sans une déconcertante facilité et tout en laissant d'ailleurs intactes les devantures du spectacle marchand nous incitent à penser qu’ils seront bientôt considérés comme de potentiels décroissants. Ceci même si la “lutte” contre les “taxes” devait être "victorieuse" car ce que l’État "donne" d'une main il le reprendra deux fois plus d'une autre avec l'aide des patrons. [2]

Le choix des terrains et la demande d'audience ou de reconnaissance des revendications en disent long sur ce qui se déploie, plus précisément sur cet appel direct à l’État et aux références constantes à la nation par le chant patriotique que l’on a pu voir entonner jusqu’au leader de la France Insoumise devant l’assemblée.

On serait tenté de conclure un peu facilement que le jaune va mal au teint du mouvement ouvrier et chaque fois qu’il a la jaunisse [3] cela se termine toujours par la “réalisation de la renaissance nationale” et “par la réconciliation des classes”.


Vosstanie le 19/11/2018

Notes




[1] Qui ne sont pas à proprement parler des lieux de production fixes mais des moments, des flux, sauf pour certaines catégories de la population. Ces lieux sont ils leurs outils de production ? 

[2] Qu'il faudra affronter directement.

[3] Christophe Maillard, Un syndicalisme impossible ? L'aventure oubliée des Jaunes, Vendémiaire, 2016




Mise à jour du 26/11/2018



Toutes classes confondues ?

Un tract de Gilets Jaunes


Il est difficile d’extrapoler sur le tract que l’on trouvera ci-dessous pour autant il nous paraît assez significatif du mouvement des gilets jaunes. Il a été récolté in situ dans le nord de la France au niveau de la frontière avec la Belgique.

La lecture graphique est sans équivoque comme les mots utilisés.  La dimension interclassiste et identitaire est manifeste et l’appel au “Peuple de France” dit presque tout sur la teneur du mouvement et de ses attentes. 


Nous en discuterons dans la prochaine émission de Radio Vosstanie.

On discutera de ce "peuple" 
Des "citoyens"
Du "Nos" dirigeants"
De "Toutes classes confondues"
"de l'enrichissement" ...en "toute impunité"
Du "pacifisme" et de l'évitement...("sans confrontation")

A qui bénéficiera la "Mobilisation générale" ?

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