La réédition de l'ouvrage de Pascal Charbonnat est une bonne nouvelle il vient donc de re-paraître aux éditions Kimé.
Le matérialisme est sans doute le courant philosophique qui a suscité
le plus de controverses, ce qui lui a valu d’être malmené et caricaturé
à de nombreuses reprises.
Cet ouvrage se propose de montrer le contenu
réel de ses concepts, d’en fournir une définition nouvelle et de le
relier à ses racines historiques et sociales. Dans chaque période, il
est au cœur d’enjeux idéologiques de premier plan parce qu’il est à
l’intersection des progrès de la connaissance et des préoccupations
métaphysiques.
Jusqu’à présent, il n’existait pas d’histoire complète et
synthétique de ce courant de pensée, alors qu’il a joué un rôle
fondamental dans la vie scientifique et culturelle du monde occidental.
La seule entreprise de ce genre fut l’ouvrage de F.-A. Lange (1866),
devenu largement incomplet. Le livre de Pascal Charbonnat se veut le
panorama d’un champ conceptuel en constante agitation, uni par l’idée
que les mythes et le sacré ne sont pas les seuls horizons pour penser la
place de l’homme dans l’Univers.
D’Épicure aux matérialistes contemporains anticréationnistes en
passant par Marx, une même exigence émancipatrice traverse l’œuvre de
ces penseurs. Il s’agit d’en rendre compte tout en indiquant où passent
les lignes de fracture. L’enseignement de l’histoire des idées en France
néglige cet héritage intellectuel, en le confinant à un cercle
restreint de spécialistes.
Cet ouvrage voudrait indiquer que les
interrogations soulevées par le matérialisme s’adressent à tous. Il est
en effet indispensable que cette philosophie soit mieux représentée dans
les programmes et les manuels, qui semblent oublier qu’une part
importante de la population ne se réfère pas à la transcendance pour
donner un sens au monde.
L’histoire du matérialisme est également
incontournable pour saisir les enjeux du travail des sciences de notre
temps. En dévoilant comment les savoirs d’aujourd’hui sont les fruits de
luttes contre des traditions conservatrices, elle invite à ne verser ni
dans un positivisme naïf, ni dans une défiance figée à l’égard des
résultats scientifiques. Être matérialiste consiste moins à désenchanter
le monde qu’à en restituer le libre cours.
Editions Kimé / ISBN : 978-2-84174-622-4 / 706p. / 34 €