De la thanatopraxie stalinienne.
A propos des éditions DELGA
A propos des éditions DELGA
La thanatopraxie ou les soins de conservation des corps de défunts "humains" de la décomposition, quoiqu'on en dise ne date pas de l’embaumement de Lénine.
Si, par certains aspects extérieurs uniquement, elle s'apparente un peu à une forme de taxidermie, les effets psychologiques et les formes souhaitées de l’illusion restent les mêmes.
Ce type d'artisanat à destination d'un au-delà a aussi trouvé quelques débouchés dans les musées et les édifices religieux… Il en trouve de nouveaux actuellement dans le monde de l’Édition.
Ainsi Les éditions Delga illustrent parfaitement ce que l'on pourrait qualifier d'entreprise de thanatopraxie stalinienne. On y exhibe sous des couvertures austères et violacées... quelques cadavres bien raides du stalinisme politique.
Rien de plus morbide-chic certainement que de déterrer un Alvaro Cunhal (1) pour les 40 ans de la révolution des Oeillets ou de lire les pathétiques anecdotes de François de Negroni (2) sur le cadavre encore chaud, de feu Michel Clouscard, ce grand "sportif", qui recherchait désespérément une petite femme exotique et docile pour l’accompagner.
Les éditions Delga tentent aussi la réhabilitation/restauration d'animaux politiques bien froids, voire congelés, comme Staline avec son package "défense de l'Est" patronné par quelque idiot inutile spécialiste du clinamen et du matérialisme "antique" comme Jean Salem. Il n'en fallait pas moins ! Car ici c'est à la résurrection des corps que l'on s'attaque.
Mais en quittant l'art du maquillage post-mortem c'est à celui de l'archeothanatologie, combiné à celui de décongélation rapide, que s'attaquent les éditions. Et là bien sûr rien de pire que de travailler au micro-onde et au burin pour livrer, parait-il d'ici quelques temps, les Cahiers de prison d’Erich Honecker.
Rien d'étonnant méthodologiquement, la brutalité a toujours été un trait typique de l'idéologie stalinienne.
« Mur de protection antifasciste » 3,5 m de hauteur sur 155 km. |
Au bout du compte et après cinq minutes de réflexion (il n’en faut pas plus) le fou rire nous gagne. Comme s’il s’agissait pour les éditions Delga de singer les grandes éditions staliniennes du temps du rideau de fer: les Éditions Sociales. Mais le problème c’est que si la connerie reste la même, le public ne l'est plus.
Si certains ouvrages sont particulièrement illisibles (on pense particulièrement à M.Clouscard) les autres sont des caricatures idéologiques d’un autre siècle digne de la Pravda de la “meilleure époque” et du pire révisionnisme historique.
Rien d’étonnant (décidément), 27 ans après la “chute du mur” que les nostalgiques de la Karl-Marx Allee (et de ses appartements de fonctions) soient aussi attachés à leurs positions d'apparatchiks ou de prescripteurs, dans une société de réseaux qui se passe pour le meilleur et le pire, de leurs avis.
En scrutant attentivement la ligne éditoriale nous avons été tenté de nuancer notre compréhension de la démarche de la structure éditoriale à destination essentiellement du milieu universitaire nostalgique et décomposé. La piste rouge-brune ou confusionniste n’a à notre avis pas de sens car les positions défendues sont les positions historiques pourries du stalinisme. Ce type d'analyse, de piste interprétative pourrait laisser croire que le stalinisme “critique” ou “hétérodoxe” ou qu’une “gauche stalinienne” trotskiste ? existerait ! Seraient fréquentables ? Or nous savons déjà qu'il n'y a rien à négocier avec les partis, les défenseurs de L’État, du nationalisme, ou le capitalisme national humain dans un seul pays. Pas plus avec le contrôle ouvrier (4) ou le concept d’État ouvrier dégénéré.
Que des rapprochements entre staliniens et souverainistes de droite ou quelques anarchistes stalinisés par leur fréquentations trop étroites du syndicalisme d'appareils soient problématique ne pose en fait que la difficulté qu'on certains à définir une perspective / ligne politique combattante et imprenable.
Nous avions déjà traité du commerce de cadavres par la Nouvelle Droite que les staliniens s’amusent à maquiller ou à décongeler.
Laisser les vivants déterrer les morts n’est pas une pratique réconfortante pour l’avenir même si nous préférerons de notre coté les cadavres exquis ! Et si nous avons un certain goût pour la mémoire, nous lui préférons celles des luttes bien vivantes débarrassées des mythes, illusions et mensonges sidérants.
Laisser les vivants déterrer les morts n’est pas une pratique réconfortante pour l’avenir même si nous préférerons de notre coté les cadavres exquis ! Et si nous avons un certain goût pour la mémoire, nous lui préférons celles des luttes bien vivantes débarrassées des mythes, illusions et mensonges sidérants.
Notes.
Les Éditions Delga en hommage à la rue ou est né M.Clouscard (rue des frères Delga) sur la commune de Gaillac dans le Tarn.(1) Rien que le titre de l'ouvrage confine au foutage gueule tragi-comique: Le Parti en toute transparence.
(3) Toujours dans le sillage du caricatural Principes fondamentaux de philosophie de Georges Politzer.
(4) Cher aux Éditions Syllepse, escrocs de l'autogestion.
Voir aussi notre inventaire.