Le "prix" des idées.
A propos de Kostas Papaïoannou (1925-1981)*
On hésite à la fermeture de ce très sensible et court livre sur Kostas Papaioannou entre une poétique de l'amitié ou de la tragédie.
Amitiés qui se sont affirmées dans des époques troubles et dures, riches en lourds combats.
Tragédie parce que le possible "paradis sur terre" s'est transformé en une fournaise digne des Enfers.
Tout ne brûle peut-être pas en pays d’amitié, mais les idées flambes. Elles flambent et les cendres recouvrent les cerveaux cramoisis et nous serions alors condamnés à faire des ennemis de nos ennemis, "nos amis" ?
Définit comme Aronien "de gauche" ? Kostas Papaioannou défile en faveur du Générale de Gaulle le 30 mai 68. Proche de Raymond Aron qui n'avait pas plus "raison" que Sartre, il participe à certaines publications "subventionnées" par le gouvernement Etatsunien et la CIA (p.130) ou clairement fondée par un militant d'extrême-droite (la revue Est & Ouest heritier du BEIPI fondé en 1949 par Georges Albertini ) (p. 136). Sans parler ici de la revue Contre Point.
Reduire le parcours de Kostas Papaioannou à cela serait fort réducteur et lapidaire, mais à la fin des années 70 Kostas Papaioannou se retrouve avec tous les apostats du stalinisme universitaires au séminaire de la Ve section de l'EPHE (1)
Reduire le parcours de Kostas Papaioannou à cela serait fort réducteur et lapidaire, mais à la fin des années 70 Kostas Papaioannou se retrouve avec tous les apostats du stalinisme universitaires au séminaire de la Ve section de l'EPHE (1)
Le prix à payer certainement pour "publier" et défendre le camp de la "liberté" ? La naïveté n'a rien à faire dans cette histoire. L'anti-communisme a été un moment une des passerelles étranges, ceci jusqu'à l'ultra-gauche.
Par exemple le Boris Souvarine qui dénonçait "la guerre civile en France" en 1968 (p.128), n'était plus, et depuis bien longtemps celui des années de la Critique Sociale. Il publiera néanmoins avec Kostas Papaioannou à la fin des années 70 quelques ouvrages et brochures aux éditons Champ Libre ou chez Spartacus. (2)
Rien d'important peut-être, puisqu'il s'agit ici de structures éditoriales marginales et essentiellement sous contrôle d'un individu et non de groupes liés au mouvement réel.
Jamais l'Internationalisme du troisième camp (3) et clairement anti-stalinien n'est abordé dans le livre, alors qu'il a été porté par des structures comme L'Interntationnale Situtationniste ou Socialisme ou Barbarie (et bien d'autres). Positions que Kostas Papaioannou aurait peut-être pu aborder (en son temps) dans de possibles rapprochements avec Castoriadis ? Ou avec René Vienet ? (p.129).
Mais peut-être ne s'agit finalement ici que d'une histoire qui relève du poids de la dette en amitiés et des voies de garages de la "marxologie", toute pertinente et riche de critiques qu'elle soit.
Notes.
(1) Ecole pratique des hautes études - Annie Kriegel, Alain Besançon, plus tard en compagnie de François Furet etc...
(2) Il sera peut-être un jour nécessaire de rompre avec les hagiographies, les histoires romancée pour ado attardés.
(3) Pierre Lanneret, Les internationalistes du "troisième camp" en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Ed. Acratie, 1995
* Kostas Papaïoannou (1925-1981) : Les idées contre le néant de François Bordes. La Bibliothèques coll. Les Cosmopolites 2015. 172p.