LA GAUCHE COMMUNISTE
GERMANO-HOLLANDAISE
DES ORIGINES À 1968
(3e édition entièrement révisée et augmentée)
PHILIPPE BOURRINET
Éditions moto proprio - Paris Juin 2018 - 550p.
Si les utopies du passé préfiguraient une nouvelle forme sociale sans pouvoir la réaliser, parce que l’abondance dans le domaine économique leur manquait, une abondance qui aurait donné sens à leur générosité philanthropique; parce que l’actualité de la catastrophe sociale faisait défaut, laquelle aurait donné un caractère d’urgence à leurs plans; et parce que la disposition générale de leur contemporains leur faisait défaut, une disposition qui se serait mise à l’oeuvre de façon créative en tant que nécessité historique. C’est pourquoi leur utopie se cantonna au domaine du poétique, du philanthropique.
Aujourd’hui au contraire, tout est donné par l’époque : la fertilité intarissable de la terre qui ne trouve aucun débouché rationnel à sa propre richesse; l’actualité de la catastrophe capitaliste qui invite à un changement rapide; et la reconnaissance générale de l’inévitabilité d’une réorganisation sociale qui exige des principes d’affirmation de la vie. C’est pourquoi l’utopie d’hier devient la vivante réalité d’aujourd’hui.
Nature, technique, force de travail – richesse, vouloir-vivre, plaisir créatif : tout est à notre disposition de façon illimitée.
Que nous manque-t-il donc encore ? Seulement la foi en nous. Seulement la volonté de se mettre à l’ouvrage. Le courage de l’utopie ![Otto RÜHLE, Mut zur Utopie! Baupläne für eine neue Gesellschaft, Prag, 1939; Rowohlt, Reinbek bei Hamburg, 1971 (hg. von Henry Jacoby]
Que faire, dans une situation qui semble sans espoir? Somme toute rien, si l’on se contente d’aborder le problème du point de vue écologique. Ne serait-ce, parce que ce n’est pas le danger le plus proche qui menace l’existence de l’humanité. La «crise écologique» est elle-même en grande partie le produit de la situation de crise sociale, et une catastrophe plus palpable précède la crise écologique. Telles que les choses se déroulent actuellement, une haute probabilité de confrontations guerrières utilisant les armes atomiques rend futile la seule fixation sur la crise écologique. Toute l’attention doit se porter sur les événements sociaux, pour prendre de court les plans des criminels de l’atome, à l’Est comme à l’Ouest. Si les travailleurs du monde entier échouent, alors ils ne seront pas aussi en mesure de se confronter à la menace écologique et de créer les prémices d’une société communiste, permettant à l’humanité de perpétuer son existence*.[Paul MATTICK, 1976]*