Dans un  avertissement introductif, l’auteur déclare : “Il y avait alors un  mouvement fait de femmes et d’hommes qui pensaient changer le monde. De  manière radicale. Ces femmes et ces hommes pensaient que le changer  pouvait aussi être marrant. Et même, ou c’était marrant ou ça n’en  valait pas la peine. Tout et tout de suite (…) Je me revois jeune et je  pense : on nous l’a fait payer cher, mais qu’est-ce-qu’on s’est marrés.” 
À une époque où, pour rencontrer d’autres gens en dehors de son  cercle immédiat, on se fie toujours plus aux écrans, il devient  difficile d’imaginer, pour ceux qui ne l’ont pas vécu, la richesse  passionnelle, émotive, imaginaire et réflexive du mouvement de 1977. Tel  que le restitue simplement et magnifiquement Pozzi, il ressemblait  moins à l’élan d’un “tous ensemble” vers un objectif politique  déterminé, qu’à l’attraction universelle de corps terrestres, forcément  terrestres, lourds de leurs origines, de leurs accents, de leurs  catégories sociales, et qui pourtant s’attiraient, se repoussaient,  s’aggloméraient, formaient des galaxies, se plaçaient sur des orbites  communes pour quelques jours ou quelques mois longs comme des années  lumières, et parfois, entraient en fusion.
La force qui faisait bouger ces individus, c’était d’abord des mots. Des flots de mots. Torrents et tourbillons des polémiques d’assemblées, fleuve amazonien des discours de tant de leaders, paresseux ruisselets des échanges entre camarades au bout des nuits militantes. Les dialogues d’Insurrection, qui occupent la plus grande partie du livre restituent l’esprit d’un temps, où, à côté de la colère contre l’Etat et les patrons, prévalait une allégresse aux mille facettes : de la joie tranquille du coup bien réussi (le bonheur après la tension d’un braquage exemplaire, “una rapina da manuale”) à la liesse carnavalesque des autoréductions et de certains cortèges en passant par un goût de l’ironie et de la dérision qui n’épargne personne, surtout pas les plus proches.
Editions Nautilus ISBN: 978-2-84603-029-8
La force qui faisait bouger ces individus, c’était d’abord des mots. Des flots de mots. Torrents et tourbillons des polémiques d’assemblées, fleuve amazonien des discours de tant de leaders, paresseux ruisselets des échanges entre camarades au bout des nuits militantes. Les dialogues d’Insurrection, qui occupent la plus grande partie du livre restituent l’esprit d’un temps, où, à côté de la colère contre l’Etat et les patrons, prévalait une allégresse aux mille facettes : de la joie tranquille du coup bien réussi (le bonheur après la tension d’un braquage exemplaire, “una rapina da manuale”) à la liesse carnavalesque des autoréductions et de certains cortèges en passant par un goût de l’ironie et de la dérision qui n’épargne personne, surtout pas les plus proches.
Editions Nautilus ISBN: 978-2-84603-029-8

