Sortie d'usine par Gilles Dauvé & Karl Nesic
Plusieurs de nos textes (Il va falloir attendre, 2002, L'Appel du vide, 2004, puis en 2007 Demain, orage. Essai sur une crise qui vient) ont l'avantage d'avoir été écrits avant la crise et de l'annoncer. Leur analyse en est résumée dans Zone de tempête (2009) :
A partir de 1980, le capital a pris sa revanche sur les agitations ouvrières des années 60 et 70. Mais cette victoire, axée sur une baisse systématique des coûts, a provoqué une série de déséquilibres s'aggravant les uns les autres : tertiarisation maximale par rejet de la fabrication au plus loin possible, jusqu'en Asie ; concurrence sans garde-fous, notamment étatiques ; domination de la finance sur l'industrie ; illusion d'un partage du monde réservant l'immatériel aux puissances établies, et cantonnant les nouveaux pays industriels dans la production ; déflation salariale, et déflation tout court, masquée par la circulation folle de l'argent ; le tout alimenté par une expansion sans frein du crédit.
Certes, ces déséquilibres ne suffisent pas à entamer un triomphe capitaliste beaucoup plus profond qu'on le pense : restructuration et chômage ont fini par être acceptés, presque personne ne parle de révolution, au mieux on veut réformer et démocratiser, mais certainement pas dépasser un capitalisme dont chacun se réjouit qu'il ait multiplié des outils de communication devenus en quinze ans des prothèses quasiment indiscutées. Il n'empêche, cette croissance droguée repose sur des contradictions structurelles que depuis 2008 la conjoncture se borne à révéler.
Le mérite de les souligner est mince, car d'autres que nous les ont décrites : pour nous limiter à la France, J.-L. Gréau, mais aussi G. Duménil et D. Lévy, M. Husson, P. Artus, M. Aglietta, I. Joshua , D. Cohen... On peut aussi lire Marx sur la suraccumulation dans le Livre III du Capital (chapitre XV selon le plan d'Engels, X dans celui de M. Rubel).
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