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Transcription de l'émission du 18 juin 2016 sur Radio Vosstanie au format PDF
Transcription de l'émission du 18 juin 2016 sur Radio Vosstanie au format PDF
Introduction (vosstanie)
Émission autour de l’identité au sens large, que l’on aurait pu titrer « Pour une critique des idéologies identitaires », mais on a gardé le singulier pour englober le même phénomène historique lié à l’aliénation, c'est-à dire la séparation au sens large.
Mais surtout la séparation dans la sphère de production, le travail, la vie quotidienne, qui impose des formes d’assignation dont on va détailler les paradoxes.
Ce choix de titre privilégie une méthode d’analyse qui nous permettra d’aller du général au particulier, pour ensuite revenir au général dans la conclusion.
On va essayer d’éviter le jonglage avec les différents concepts réifiés du monde bourgeois.
On se propose de dialectiser le réel pour tenter une analyse totale, et donc de réhabiliter la totalité ; problématique désuète semble-t-il, qui ne donne pas la possibilité aux spécialistes en tous genres et autres commerçants des idées de vivre de leur rente de situation, réelle ou symbolique.
Il s’agit donc d’éviter de prendre les débats par l’angle du trou de serrure, qui sont des pièges politiques (mais on rentrera, là aussi, dans les détails ultérieurement), car ils permettent la stigmatisation et la réduction ad ce que l’on voudra, sans entrer dans le coeur d’analyse et de rester perpétuellement au niveau de l’écume de celle-ci. Et sans remettre bien entendu en question le capitalisme, et donc par là-même remettre à jour la perspective communiste.
Est-ce qu’il est opportun de traiter de ces questions-là au moment de la « Loi travail » ? On pourra répondre qu’il n’y a jamais de bons ou de mauvais moments, et que cette émission était déjà programmée depuis bien longtemps ; de plus, tout est connecté, tout se chevauche.
Alors c’est quoi l’identité ? A l’heure où se mettent au devant de la scène des homos nationalistes, des femmes voilées féministes, des lutteurs de classes patriotes, des communautaires fiers d’être Français, des racialistes chez des anarchistes, des décoloniaux d’ultra-gauche, des « appelistes » qui battent leur coulpe d’Occidentaux décadents, des réminiscences suprématistes de toutes les couleurs, des anciens trotskystes critiques qui nous disent qu’ « en France il y a une ethnie dominante », et que nier le concept de race c’est être un « négationniste de la race », il y a de quoi se dire qu’il n’y a plus de boussole, et que dans ces milieux groupusculaires, on est en train de recréer des lignes de fracture énormes autour de problématiques ethnoculturelles. Et que se substitue progressivement à la lutte des classes, la lutte pour la reconnaissance des identités.
Alors ce n’est pas ce qu’on pense, et on va le développer.
On pourrait s’en moquer, fuir, mais ce n’est pas le cas. A ce sujet-là, on accorde notre soutien politique aux camarades de la Discordia, qui ont organisé deux débats qu’il fallait absolument faire sur le concept d’islamophobie et de la théo-compatibilité de certains courants d’extrême-gauche et libertaires avec des religieux, mais aussi sur les mêmes accointances avec les « racialistes », à savoir ceux qui veulent se réapproprier le concept de race et qui nous servent la même vieille soupe anti-impérialiste des nations prolétaires, aux couleurs de la race bien sûr.
Il est certain que le débat est très épineux, parce que finalement nous sommes sommés de nous définir, ce que bien sûr nous refusons, entre l’universalisme marchand et l’ethno-différentialisme marchand.
Peut-être existe t-il une autre piste mais elle prend inévitablement le chemin de la révolution et de la destruction du capitalisme.
Cette émission c’est donc proposer des pistes de réflexion collectives sur ce qu’il se passe, pour revenir un peu sur le concret et la totalité.
Alors, le mot identité, c’est peut-être ce que l’on va essayer de dégrossir dans un premier temps. « identité » vient du mot grec qui signifie « le même ». Peut-on tenter de définir le concept d’identité – concept peut-être passe-partout – à partir d’abord de ce qu’il nous renvoie d’emblée sur ce qu’est l’identité et la figure du même.
Il est d’ailleurs étonnant que l’identité soit l’objet de débats et que le même fasse son retour en force.
Le débat sur l’identité n’est-il pas quelque chose qui nous serait en propre, et qui nous rendrait paradoxalement très différent des autres ?
Même si on est les mêmes, le concept d’identité nous permet aussi de nous construire une individualité, une forme qui nous distinguer des autres.
Il est très étonnant que l’on soit dans un éloge du même alors que cette notion construit du différent.
N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal à ce que ce débat s’invite sous cette égide du même alors que nous voulons nous différencier ?
LA RECUPERATION EN FRANCE DEPUIS 1968 par Jaime SEMPRUN
S'il est une lecture plus propre à persuader de l'inéluctable effondrement de cette société que celle des très nombreux ouvrages en exposant les diverses tares, c'est bien celle de ceux, plus nombreux encore, qui s'avisent d'y proposer quelque remède. Ma supériorité évidente, dont le lecteur appréciera bien vite tous les avantages, est de ne présenter aucune solution
Les limites de l'intégration par Paul MATTICK (1969)
Assurément, Marcuse ne se livre pas à une description réaliste des conditions existantes; il cherche plutôt à dégager les tendances qu'on peut observer au sein de ces conditions. C'est parce que les virtualités du système actuel prennent corps sans rencontrer d'opposition qu'on semble devoir aboutir à une société totalitaire complètement intégrée. Pour mettre obstacle à ce mouvement, il faudrait que les classes opprimées « se libèrent à la fois d'elles-mêmes et de leurs maîtres ». Transcender des conditions établies, voilà qui présuppose une transcendance au sein de ces conditions : tour de force que la société unidimensionnelle interdit à l'homme unidimensionnel. Et Marcuse de conclure en ces termes : « La théorie critique de la société ne possède pas de concepts qui permettent de franchir l'écart entre le présent et le futur; elle ne fait pas de promesses; elle n'a pas réussi; elle est restée négative ». Autrement dit, la théorie critique — ou marxisme — ne mérite plus guère qu'un coup de chapeau en passant.
La mystification démocratique - Jacques CAMATTE (REVUE INVARIANCE N° 6 - 1969) L’assaut du prolétariat aux citadelles du capital ne pourra se faire avec une quelconque chance de succès qu’à la condition que le mouvement révolutionnaire prolétarien en finisse, une fois pour toutes, avec la démocratie. Celle-ci est le dernier refuge de tous les reniements, de toutes les trahisons, parce qu’elle est le premier espoir de ceux qui croient assainir, revigorer le mouvement actuel pourri jusqu’en ses fondements.
Émission autour de l’identité au sens large, que l’on aurait pu titrer « Pour une critique des idéologies identitaires », mais on a gardé le singulier pour englober le même phénomène historique lié à l’aliénation, c'est-à dire la séparation au sens large.
Mais surtout la séparation dans la sphère de production, le travail, la vie quotidienne, qui impose des formes d’assignation dont on va détailler les paradoxes.
Ce choix de titre privilégie une méthode d’analyse qui nous permettra d’aller du général au particulier, pour ensuite revenir au général dans la conclusion.
On va essayer d’éviter le jonglage avec les différents concepts réifiés du monde bourgeois.
On se propose de dialectiser le réel pour tenter une analyse totale, et donc de réhabiliter la totalité ; problématique désuète semble-t-il, qui ne donne pas la possibilité aux spécialistes en tous genres et autres commerçants des idées de vivre de leur rente de situation, réelle ou symbolique.
Il s’agit donc d’éviter de prendre les débats par l’angle du trou de serrure, qui sont des pièges politiques (mais on rentrera, là aussi, dans les détails ultérieurement), car ils permettent la stigmatisation et la réduction ad ce que l’on voudra, sans entrer dans le coeur d’analyse et de rester perpétuellement au niveau de l’écume de celle-ci. Et sans remettre bien entendu en question le capitalisme, et donc par là-même remettre à jour la perspective communiste.
Est-ce qu’il est opportun de traiter de ces questions-là au moment de la « Loi travail » ? On pourra répondre qu’il n’y a jamais de bons ou de mauvais moments, et que cette émission était déjà programmée depuis bien longtemps ; de plus, tout est connecté, tout se chevauche.
Alors c’est quoi l’identité ? A l’heure où se mettent au devant de la scène des homos nationalistes, des femmes voilées féministes, des lutteurs de classes patriotes, des communautaires fiers d’être Français, des racialistes chez des anarchistes, des décoloniaux d’ultra-gauche, des « appelistes » qui battent leur coulpe d’Occidentaux décadents, des réminiscences suprématistes de toutes les couleurs, des anciens trotskystes critiques qui nous disent qu’ « en France il y a une ethnie dominante », et que nier le concept de race c’est être un « négationniste de la race », il y a de quoi se dire qu’il n’y a plus de boussole, et que dans ces milieux groupusculaires, on est en train de recréer des lignes de fracture énormes autour de problématiques ethnoculturelles. Et que se substitue progressivement à la lutte des classes, la lutte pour la reconnaissance des identités.
Alors ce n’est pas ce qu’on pense, et on va le développer.
On pourrait s’en moquer, fuir, mais ce n’est pas le cas. A ce sujet-là, on accorde notre soutien politique aux camarades de la Discordia, qui ont organisé deux débats qu’il fallait absolument faire sur le concept d’islamophobie et de la théo-compatibilité de certains courants d’extrême-gauche et libertaires avec des religieux, mais aussi sur les mêmes accointances avec les « racialistes », à savoir ceux qui veulent se réapproprier le concept de race et qui nous servent la même vieille soupe anti-impérialiste des nations prolétaires, aux couleurs de la race bien sûr.
Il est certain que le débat est très épineux, parce que finalement nous sommes sommés de nous définir, ce que bien sûr nous refusons, entre l’universalisme marchand et l’ethno-différentialisme marchand.
Peut-être existe t-il une autre piste mais elle prend inévitablement le chemin de la révolution et de la destruction du capitalisme.
Cette émission c’est donc proposer des pistes de réflexion collectives sur ce qu’il se passe, pour revenir un peu sur le concret et la totalité.
Alors, le mot identité, c’est peut-être ce que l’on va essayer de dégrossir dans un premier temps. « identité » vient du mot grec qui signifie « le même ». Peut-on tenter de définir le concept d’identité – concept peut-être passe-partout – à partir d’abord de ce qu’il nous renvoie d’emblée sur ce qu’est l’identité et la figure du même.
Il est d’ailleurs étonnant que l’identité soit l’objet de débats et que le même fasse son retour en force.
Le débat sur l’identité n’est-il pas quelque chose qui nous serait en propre, et qui nous rendrait paradoxalement très différent des autres ?
Même si on est les mêmes, le concept d’identité nous permet aussi de nous construire une individualité, une forme qui nous distinguer des autres.
Il est très étonnant que l’on soit dans un éloge du même alors que cette notion construit du différent.
N’y a-t-il pas quelque chose de paradoxal à ce que ce débat s’invite sous cette égide du même alors que nous voulons nous différencier ?
LA RECUPERATION EN FRANCE DEPUIS 1968 par Jaime SEMPRUN
S'il est une lecture plus propre à persuader de l'inéluctable effondrement de cette société que celle des très nombreux ouvrages en exposant les diverses tares, c'est bien celle de ceux, plus nombreux encore, qui s'avisent d'y proposer quelque remède. Ma supériorité évidente, dont le lecteur appréciera bien vite tous les avantages, est de ne présenter aucune solution
Les limites de l'intégration par Paul MATTICK (1969)
Assurément, Marcuse ne se livre pas à une description réaliste des conditions existantes; il cherche plutôt à dégager les tendances qu'on peut observer au sein de ces conditions. C'est parce que les virtualités du système actuel prennent corps sans rencontrer d'opposition qu'on semble devoir aboutir à une société totalitaire complètement intégrée. Pour mettre obstacle à ce mouvement, il faudrait que les classes opprimées « se libèrent à la fois d'elles-mêmes et de leurs maîtres ». Transcender des conditions établies, voilà qui présuppose une transcendance au sein de ces conditions : tour de force que la société unidimensionnelle interdit à l'homme unidimensionnel. Et Marcuse de conclure en ces termes : « La théorie critique de la société ne possède pas de concepts qui permettent de franchir l'écart entre le présent et le futur; elle ne fait pas de promesses; elle n'a pas réussi; elle est restée négative ». Autrement dit, la théorie critique — ou marxisme — ne mérite plus guère qu'un coup de chapeau en passant.
La mystification démocratique - Jacques CAMATTE (REVUE INVARIANCE N° 6 - 1969) L’assaut du prolétariat aux citadelles du capital ne pourra se faire avec une quelconque chance de succès qu’à la condition que le mouvement révolutionnaire prolétarien en finisse, une fois pour toutes, avec la démocratie. Celle-ci est le dernier refuge de tous les reniements, de toutes les trahisons, parce qu’elle est le premier espoir de ceux qui croient assainir, revigorer le mouvement actuel pourri jusqu’en ses fondements.
Contre le mythe autogestionnaire par des prolétaires
Ce texte est une tentative d’élaborer une critique de cette perspective largement répandue aujourd’hui dans les milieux militants qui se revendiquent, du moins formellement, de la nécessité de changer radicalement le monde. Outre le mensonge de leur discours, leur pratique montre clairement leur réel positionnement dans la guerre de classe. A travers l’analyse des exemples-phares autogestionnaires que sont l’Espagne en 1936, l’atelier Lip à Besançon en 1973 et l’Argentine depuis décembre 2001, notre volonté est de montrer en quoi la perspective de gestion des processus productifs et d’échange est un arrêt du processus révolutionnaire, un renforcement de l’ordre établi qui renvoie le prolétariat à la seule place que lui laisse le capital, celle de producteur de valeur quitte à lui laisser le rôle de gestionnaire pendant un temps ! Les expériences alter éco sympa en pleine paix sociale n’ont rien de contradictoire, elles sont des entreprises capitalistes sans ambiguïté. Ce qui nous questionne, c’est l’antagonisme qui traverse tout mouvement de classe dans sa dynamique combative, vivante et donc profondément contradictoire. Ces luttes sont l’expression d’une classe qui vit et combat contre la dictature de l’économie, et ont pu servir de vague sur laquelle ont surfé avec prestige les plus fieffés sociaux-démocrates, nous vendant leur soupe pour alimenter nos propres faiblesses et contradictions. Leur activité contre-révolutionnaire consiste précisément en cela.
Contre le racket abertzale ou les Insolences anti-patriotiques d'un métèque par Gaizki-Ikasi Maketo
Réflexions sur le travail théorique GLAT - Lutte de Classe - Mars 1978
Nous sommes au regret d’informer les collectionneurs de publications révolutionnaires que le présent numéro de Lutte de Classe est le dernier qu’ils recevront. Pour ceux qu’elle pourrait intéresser, l’analyse qui a conduit à cette décision est résumée ci-dessous.
La lutte de classe en Ulster de J.-Yves BÉRIOU
Les récents événements d'Irlande du Nord viennent par eux-mêmes, sans fard, de démontrer à quel point tous les mensonges sont solidaires. Les avatars de la pensée pourrissante moderne s'étalent sans fausse honte aux yeux de « l'opinion publique ›. La barbarie de l'armée d'occupation anglaise est dénoncée au profit de la barbarie de l'I.R.A. et de sa terreur exercée sur le dos du prolétariat. Dans la même sainte alliance, se trouvent réunis maoïstes, chrétiens de gauche, trotskistes, staliniens, anarchistes, socialistes, maspérisés de toutes sortes, « matérialisés pour une intervention », gaullistes, nationalistes, royalistes, « Ordre Nouveau », etc. A qui mieux mieux, ça grouille, ça parle, ça pue, et ça rote. Ça s'appelle l'extrême gauche, la gauche, la droite et aussi l'extrême droite. Bref, les Racketts.Contre le racket abertzale ou les Insolences anti-patriotiques d'un métèque par Gaizki-Ikasi Maketo
Réflexions sur le travail théorique GLAT - Lutte de Classe - Mars 1978
Nous sommes au regret d’informer les collectionneurs de publications révolutionnaires que le présent numéro de Lutte de Classe est le dernier qu’ils recevront. Pour ceux qu’elle pourrait intéresser, l’analyse qui a conduit à cette décision est résumée ci-dessous.
La lutte de classe en Ulster de J.-Yves BÉRIOU
"Bien que dans "Le Militantisme..." nous parlions d'action et d'organisation, il nous a été reproché de prêcher la démission et la passivité comme mode de salut. En variante, l'on nous a accusé d'être en contradiction avec nous même et d'être les plus hypocrites des militants puisque nous critiquions le militantisme tout en continuant à agir.Nous n'avons pas fait la critique de l'action mais de la passivité.Ce n'est pas nous ce sont les militants qui ont proclamé leur activité distincte, complémentaire et supérieur à celle qui serait spontanément inorganisée de la classe. Ils l'ont appelé "militantisme". Nous n'avons fait que dire que l'activité prolétarienne spontanée, même si elle s'exprime encore bien timidement, est DEJA communiste et que, au contraire le militantisme ne l'est pas. C'est du délire que de prétendre contre nous, avoir le monopole de l'action et donc de se substituer totalement à la classe. Se poser la question « que faire? », courir après l'action, c'est montrer que l'on est séparé du mouvement communiste. Le communiste, même s'il a une stratégie consciente ou s'il s'occupe de théorie; ne sépare pas son activité des motivations, de la situation qui le pousse à agir. Le militantisme, du point de vue du communisme, c'est à dire aussi du point de vue des besoins du militant ce n'est pas l'action, c'est s'agiter pour ne pas changer. Autant que les militants proprement dit, la brochure a dérangé cette couche de sympathisants qui baigne dans l'idéologie militante sans vouloir en payer le prix. On s'enrage d'autant plus de voir le militantisme mis en cause que l'on se sent coupable de ne pas militer."